Stage intensif d’anglais ou cycle continu : que choisir ?

Lorsque l’on décide de soigner son anglais et quelle qu’en soit la raison – besoin de valider une certification pour un diplôme ou un job, besoin d’améliorer son niveau dans l’optique d’un concours ou tout simplement parce que l’on a envie de progresser et de pouvoir communiquer plus facilement dans un environnement international – on se pose immanquablement la question suivante : qu’est-ce qui sera le plus efficace ? Un stage intensif ou un cycle continu avec des cours réguliers ? 

La réponse diffère selon le niveau, l’investissement et la psychologie de l’apprenant. Certains, notamment les élèves les plus en difficultés en anglais, ont davantage de mal à se projeter et imaginer les incroyables progrès qu’ils peuvent faire en effectuant un stage de 50 heures d’anglais sur une dizaine de jours par exemple.

Il est donc essentiel pour les parents d’aider les jeunes dans cette démarche et de bien vérifier que le stage comporte des activités suffisamment variées pour susciter leur intérêt permanent, et qu’il est réalisé pendant ce stage un travail abouti qui donne un sentiment d’accomplissement. L’idée de travailler par séquences autour d’une thématique, avec des activités de compréhension orale et écrite liées qui sont suivies de travaux de production à l’oral et à l’écrit, semble donc tout à fait à-propos.

Lorsqu’il s’agit d’un stage de remise à niveau et d’approfondissement, en amont de stages de préparation de concours ou de certification, l’aspect ludique et créatif de l’enseignement devient capital. Trop de gens ont tendance à oublier que la créativité est un déclencheur d’apprentissage et qu’avoir des cours dans lesquels de bonnes conditions sont réunies – bien-être, humour, activités créatives – sera une garantie de progrès et souvent de motivation retrouvée pour apprendre une langue étrangère !

 

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Y-a-t-il donc une différence au niveau de l’impact des stages intensifs entre des élèves « forts » et des élèves « moins forts » ?

Il faut plutôt regarder ce qui se passe après le stage. Les élèves de bon niveau vont approfondir et surtout assez rapidement assimiler ce qui leur aura été enseigné. Pour les élèves d’un niveau moins avancé sur l’échelle européenne des niveaux de langues CERCL, il sera important ensuite de renforcer ces acquis par des cours réguliers (ou un autre stage pas trop éloigné du premier). Les élèves d’un niveau moins élevé risqueraient dans le cas contraire de perdre le bénéfice de leurs acquis qui ne sont pas encore suffisamment assimilés.

Et c’est donc une formule jalonnée de plusieurs stages intensifs (tous les 2 mois par exemple) ou de stages intensifs qui encadreraient un cycle continu (un stage pour débuter fort, des cours réguliers ensuite pour approfondir et assimiler, puis un stage de fin d’année pour finir en beauté) qui semble vraiment idéale pour cet apprentissage de l’anglais, même si l’on ne peut pas nier qu’un stage d’été d’une dizaine de jours, par exemple, a déjà un bel impact sur le niveau en anglais d’un apprenant.

Une formule de langues sans aucun moment intensif, telle qu’elle est parfois proposée, peut difficilement convenir lorsque l’on souhaite réellement booster le niveau d’un élève situé entre les niveaux A1 (débutant) et B1 (« lower-intermediate »), ce qui peut peut-être expliquer pourquoi, malgré des réformes successives, l’enseignement de l’anglais dans le secondaire, ne permet pas encore de relever un défi d’apprentissage pourtant devenu tellement essentiel dans le monde d’aujourd’hui.

Dernier point important, les séjours à l’étranger pour apprendre l’anglais, sauf avec des organismes particulièrement sérieux et rigoureux, se résument souvent à des cours d’anglais utilitaires sans véritable objectif autre que « se débrouiller » dans la rue, avec des élèves logés dans des familles avec d’autres étrangers et sans toujours pouvoir partager et échanger avec les hôtes. Ce type de summer session, qui peut être un facteur d’épanouissement personnel et d’ouverture au monde, ne peut pas se substituer à des cours de qualité avec des objectifs académiques précis et répertoriés.



L’oral d’admission de Sciences Po Paris, modifié avec la réforme du concours en 2021, obéit désormais à une nouvelle ritualisation au sein de laquelle est remis en selle le « commentaire d’image » déjà utilisé par le passé.

Les membres de la commission soumettront au candidat deux images d’actualité aussi bien que de la culture populaire ou du champ artistique. Le candidat aura quelques instants pour les observer et en choisir une. Il pourra alors expliquer son choix, décrire l’image, la mettre en contexte, l’interpréter … lors d’un échange de 10 à 15 minutes avec le jury sur les 30 minutes théoriques de l’oral. Le commentaire d’images vise à vérifier compétences de synthèse et d’analyse, capacités d’interprétation et d’argumentation. Mais c’est un exercice assez risqué, en réalité, qui, du point de vue des compétences, n’est pas moins discriminant que l’écrit.

Nous vous proposons de le découvrir ici, à travers un exemple de sujet.

 

Sciences Po Paris : Portrait officiel du Président de la République

 

blankImage n°78 : « Portrait officiel Président E. Macron »

 

Description 

Portrait officiel du Président de la République, Emmanuel MACRON. Une tradition républicaine qui remonte aux débuts de la troisième République. Ce portrait est signé Soazig de la MOISSONNIÈRE, photographe de la Présidence. Pris le samedi 24 juin en fin de journée à l’Elysée par sa photographe officielle Soazig de la Moissonnière, le cliché a été diffusé le 29 juin et a désormais vocation à être installé dans toutes les mairies de France. Le président pose debout en costume sombre, cravate bleue, les deux mains sur son bureau, contre lequel il s’appuie et sur lequel sont notamment disposés trois volumes de La Pléiade et une horloge. Les drapeaux français et européen l’entourent. Derrière le chef de l’État, une fenêtre ouverte donne sur le jardin de l’Élysée.

La mise en scène a été sérieusement étudiée :

  • Le bureau
  • La fenêtre ouverte
  • La légion d’honneur
  • Le duo de drapeaux
  • L’horloge à double cadran
  • Trois livres
  • Le coq dans l’iPhone

     

    Mise en contexte 

    Emmanuel MACRON est le huitième Président de la Vème République française. Il est le plus jeune président de l’histoire de la République française, âgé de 39 ans au début de son mandat.

    1. Charles de Gaulle : 8 janvier1959 – 28 avril 1969.

    Alain Poher, par intérim : 28 avril 1969 – 20 juin 1969. Il exerce les fonctions de président par intérim en raison de la démission de son prédécesseur.

    1. Georges Pompidou : 20 juin 1969 – 2 avril 1974 (décédé en cours de mandat).

    Alain Poher, nouvel intérim : 2 avril 1974 – 27 mai 1974, à la suite de la mort de Georges Pompidou.

    1. Valéry Giscard d’Estaing : 27 mai 1974 – 21 mai 1981.
    2. François Mitterrand : 21 mai1981 – 17mai1995.
    3. Jacques Chirac : 17 mai 1995 – 16 mai 2007.
    4. Nicolas Sarkozy : 16 mai 2007 – 15 mai 2012.
    5. François Hollande : 15 mai 2012 – 14 mai 2017.
    6. Emmanuel Macron : depuis le 14 mai 2017. Il est élu avec 66,10 % des suffrages exprimés au second tour de l’élection du 7 mai 2017 (face à Marine Le Pen) (25,44 % d’abstention).

    Fondateur du mouvement « En Marche ! », créé le 6 avril 2016, il l’a dirigé jusqu’à sa victoire à l’élection présidentielle le 7 mai 2017. Né en décembre 1977 à Amiens, dans la Somme, Emmanuel MACRON a étudié la philosophie et les affaires publiques avant d’intégrer l’Ecole Nationale d’Administration (ENA), dont il a été diplômé en 2004. Emmanuel MACRON a alors intégré l’Inspection Générale des Finances (IGF) où il a travaillé quatre ans avant de rejoindre le secteur bancaire. Il est devenu, en 2012, secrétaire général adjoint de la Présidence de la République. Il a quitté ses fonctions en juillet 2014 avant de devenir ministre de l’Économie, de l’Industrie et du Numérique d’août 2014 à août 2016.

     

    Interprétation : Pouvez-vous décrypter les principaux symboles du portrait ?

    Le bureau

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    Emmanuel Macron a décidé de faire sa photo officielle dans son bureau, appuyé contre la table. En choisissant son cadre de travail, la volonté de se montrer aux affaires est mise en évidence. Comme l’ensemble de ses prédécesseurs à l’exception de François Mitterrand, Emmanuel Macron a opté pour une pose debout, dans un environnement très vertical qui cadre avec la posture d’autorité que chaque président de la République veut incarner.

    Cette posture a-t-elle été empruntée à son Premier ministre ?

     

    La fenêtre ouverte

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    Mais le bureau d’Emmanuel Macron n’est pas fermé. Alors qu’on accuse les présidents de la République de se replier dans leur tour d’ivoire élyséenne, le chef de l’Etat entend montrer que sa présidence sera ouverte ; pas seulement sur les jardins mais aussi sur le monde. « La photo a été prise lors d’une chaude journée d’été », tempère-t-on à l’Elysée.

     

    La Légion d’honneur

    Il en est le grand maître depuis son élection. A l’instar de Valéry Giscard-d’Estaing, François Mitterrand, Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy ou François Hollande, Emmanuel Macron a choisi de la faire figurer de manière discrète sur le revers de sa veste. Charles de Gaulle et Georges Pompidou, avaient, eux, opté pour un très solennel collier de Grand maître de la Légion d’honneur autour du cou.

     

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    Le duo de drapeaux

    C’est une figure imposée depuis Nicolas Sarkozy. A côté du drapeau français doit désormais figurer le drapeau européen. Mais contrairement à François Hollande et Nicolas Sarkozy qui les avaient placés côte-à-côte, Emmanuel Macron a choisi de se placer au centre des deux, une position qu’il occupe aussi sur l’échiquier politique. Ils sont placés de manière parfaitement symétrique à sa droite (le tricolore) et à sa gauche (l’européen), comme s’il souhaitait être lui-même le trait d’union entre deux entités qu’il aimerait réconcilier durant son quinquennat. « C’est le sens de mon engagement. « La France ne peut pas réussir sans une Europe forte, et l’Europe ne peut pas avancer sans une France forte. Nous avons destin lié, c’est cela que cette photo dit », a commenté l’intéressé lors d’un déplacement en Allemagne.

    L’horloge à double cadran

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    L’horloge à sa gauche représente le temps long, la fonction présidentielle. Durant sa campagne, Emmanuel Macron avait prévenu qu’il serait le « maître des horloges« . L’expression qui s’est imposée depuis son élection est parfaitement illustrée sur le portrait officiel par l’horloge à double cadran posée sur le bureau derrière son bras gauche ; il est 20h20,  l’heure à laquelle la photo a effectivement été prise. Emmanuel Macron confirme d’une certaine manière qu’il continuera à imprimer le tempo. Pour l’anecdote, il s’agit de l’horloge présente lors du conseil des ministres ; Christophe Castaner, alors porte-parole du gouvernement, avait reconnu qu’elle avait disparu lors des semaines précédant cette photographie, avant de faire sa réapparition après …

     

     

    Trois livres

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    Si Emmanuel Macron n’a pas fait le choix du cadre de la bibliothèque de l’Elysée pour la prise de vue, il a néanmoins placé des livres en évidence, afin de montrer qu’il s’inscrit ainsi dans une tradition de présidents lettrés ou amateurs de littérature. Mais quels sont donc ces trois livres disposés sur le bureau présidentiel ? Celui sur sa droite, ouvert à une page choisie par Emmanuel Macron, ce sont Les mémoires de guerre du général de Gaulle. En choisissant cet ouvrage du père de la Ve République, qui incarne une figure au-dessus des partis, Emmanuel Macron confirme sa volonté de s’inscrire dans une lignée trans-partisane qui bouscule le clivage gauche-droite.

    Sur sa gauche, figurent deux livres écrits par deux de ses écrivains préférés : Le rouge et le noir de Stendhal, un roman d’initiation qui retrace la trajectoire de Julien Sorel projeté dans un monde qu’il ne maîtrise pas et dont il doit apprendre tous les codes. Quant aux Nourritures terrestres d’André Gide, il est souvent présenté comme une œuvre célébrant la vie et le désir.

     

     

    Le coq dans l’iPhone

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    Il faut zoomer pour voir le coq -symbole de la France depuis l’époque gauloise (à la suite d’un jeu de mots, le terme latin gallus signifiant coq- se refléter dans l’un des deux iPhones d’Emmanuel Macron. Pour un responsable politique qui veut faire de la France « une smart-nation« , cet alliage entre tradition et modernité est là pour rappeler qu’il n’envisage pas de rompre avec les racines du pays.

    Story telling : Quels messages Emmanuel Macron a-t-il cherché à faire passer dans son portrait officiel ?(d’après la sémiologue Elodie Mielczareck) :

    L’image semble s’éloigner des précédents portraits. On est clairement sur des codes esthétiques, là où le prédécesseur d’Emmanuel Macron, François Hollande, avait choisi des codes plutôt réalistes avec Raymond Depardon, dont le portrait donnait l’impression d’une photo prise sur le vif.

    Puis vient la structure sous-jacente. Cette photographie est dichotomique : elle réunit l’ancien monde et le nouveau monde, comme Emmanuel Macron aime à les appeler. D’un côté on a la vieille horloge, le vieux téléphone et les livres et de l’autre l’iPhone.

    On voit à la fois l’intérieur du bureau et l’extérieur des jardins, là où ses prédécesseurs avaient choisi : l’intérieur du bureau pour François Mitterrand et Nicolas Sarkozy, quand François Hollande et Jacques Chirac avaient opté pour l’extérieur. Emmanuel Macron réunit les deux, ce qui est très congruent par rapport à sa ligne idéologique. Un résultat conforme au personnage et à l’image qu’il tente d’incarner depuis sa prise de fonction analyse Arnaud Mercier, professeur de communication politique. « On voit bien qu’il a essayé de trouver une pose et un cadrage qui combine à la fois, l’incarnation d’une photo présidentielle assez classique, et une volonté de renouveler le genre. C’est une forme de compromis qui lui ressemble bien », résume-t-il.

     

    Critique :

    Pour la sémiologue Élodie Mielczareck, spécialisée dans la communication politique, le président « maîtrise les symboles » en usant des « codes de la publicité ».

    Sur les réseaux sociaux, ce portrait a été beaucoup comparé à celui de Barack Obama, êtes-vous d’accord ?

    Emmanuel Macron a une position centrale, alors qu’habituellement, on voit des présidents légèrement de trois-quarts. De plus, il esquisse un léger sourire et sa position est assez inhabituelle, presque assise sur son bureau.

     

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    Mais ce portrait est un peu plus recherché, avec beaucoup de références, là où celui d’Obama était plus classique. On pourrait penser cette photographie comme une sorte de vanité moderne, avec l’orfèvrerie qui représente la richesse, l’horloge qui représente la vacuité du temps qui s’écoule, le livre qui représente la connaissance ouverte… Les signaux religieux sont remplacés par des signaux républicains : les drapeaux.

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    Outre cette référence implicite qui date de la Renaissance, on trouve une référence plus moderne avec la mise en abyme devant la fenêtre ouverte : la photo est une ouverture sur le bureau qui est une ouverture sur les jardins. Ce sont des jeux qui ont été très utilisés par les surréalistes, comme Dali ou Magritte (ici, La décalcomanie, 1966, huile sur toile, 81 × 100 cm, Centre Pompidou).

    En quoi ce portrait reflète-t-il la stratégie de communication d’Emmanuel Macron ?

    C’est sur le compte Twitter du président qu’a été d’abord publié le cliché. « L’idée est de souligner l’un de ses marqueurs : il a un usage moderne des outils de communication, comme les réseaux sociaux numériques. Il sait très bien qu’en y publiant son portrait officiel, ça va faire le buzz et que l’engouement prendra tout seul », explique Arnaud Mercier. Emmanuel Macron a compris qu’aujourd’hui, avec la génération Snapchat, l’image est bien plus opérante que les mots. Ici on est presque sur les codes de la publicité.

     

    Son portait officiel est une image très contrôlée, très travaillée. Chaque chose est à sa place. La symétrie dans la composition renvoie à sa position centrale. Cette photo, c’est l’art de la synthèse, qui combine des éléments de classicisme et de modernité. Emmanuel Macron maîtrise les symboles.

     

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    Sources :

    Actualités Sciences Po >

    A lire et regarder absolument :

    https://www.francetvinfo.fr/culture/arts-expos/photographie/tous-les-portraits-officiels-des-presidents-depuis-le-general-de-gaulle_3312635.html, et l’excellente analyse de l’émission Karambolage d’ARTE consacré à « la photo présidentielle », https://www.youtube.com/watch?v=x0ki-XTSzzM



    Prépa ECG : analyse du nouveau programme d’HGGMC

    Olivier Gomez, professeur en classe préparatoire économique et commerciale à l’IPESUP, analyse le nouveau programme d’HGGMC de la prépa ECG. 

    Publié au Bulletin officiel spécial du 11 février 2021 du ministère de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, le nouveau programme d’Histoire, Géographie et Géopolitique du Monde Contemporain (HGGMC) s’appliquera aux étudiants de la classe préparatoire économique et commerciale générale (ECG) à compter de septembre 2021. Fixant des objectifs en termes de compétences, de notions et de connaissances, les programmes scolaires et universitaires, révèlent, souvent en creux, des choix pédagogiques et épistémologiques plus ou moins en rupture avec ceux des programmes passés. La lecture de ces textes institutionnels est donc toujours instructive, tant pour les enseignants chargés de les mettre en œuvre que pour les étudiants ou les simples citoyens.

    Censé tenir compte des conséquences de la réforme du Lycée Général et Technologique mise en œuvre par le Ministère de l’Education Nationale, le nouveau programme d’HGGMC de la prépa ECG s’inscrit cependant davantage en continuité qu’en rupture avec le précédent programme de 2013, tant sur la forme que sur le fond.

    Les objectifs de cet enseignement sont précisés et plus explicitement formulés qu’en 2013 et la géopolitique est davantage mise en avant que l’histoire et la géographie. L’architecture et les thèmes des quatre modules semestriels sont conservés, leur structure interne étant toutefois fortement réorganisée. L’impact de la création d’une spécialité Histoire, Géographie, Géopolitique et Sciences Politiques au Lycée sur le programme de classe préparatoire apparait relativement limité. Enfin, le nouveau programme rend compte des principales transformations géopolitiques intervenues depuis 2013.

     

    La géopolitique, un « fil directeur » au service de compétences explicitement formulées dans le nouveau programme d’HGGMC

    En 2021, le programme d’HGGMC s’adresse aux « futurs entrepreneurs » et non plus aux « futurs acteurs de l’économie », formulation plus large adoptée en 2013. Il s’agit d’utiliser les mots de l’époque. En 2021, on ne parle donc plus des « écoles de commerce et de gestion » mais des « écoles de management ».

    De façon moins anecdotique, il a semblé nécessaire aux concepteurs du nouveau programme d’HGGMC de justifier l’existence de cet enseignement en allant au-delà des objectifs « d’acquisition de repères essentiels pour la culture » qui figuraient dans le programme de 2013. Un nouveau paragraphe est spécifiquement consacré aux « compétences essentielles » qui sont travaillées en HGGMC depuis des années, mais qui sont désormais explicitement formulées : capacité à raisonner « à des échelles d’espace et de temps différentes », à « savoir poser une problématique et y répondre par une démonstration appropriée », à « comprendre les points de vue et les enjeux d’acteurs différents », à « pouvoir s’exprimer de manière efficace et rigoureuse à l’écrit et à l’oral » ou à « être un acteur critique du monde contemporain »… Ces différentes compétences sont toutefois posées sans hiérarchie, « l’initiation à la prospective » étant ainsi insérée sans raison entre la capacité à construire une démonstration et la capacité à s’exprimer de façon rigoureuse.

    Le nouveau programme d’HGGMC, s’il promeut de manière louable les sciences humaines, n’élude cependant par les « guerres de tranchée » opposant des disciplines faisant partie des humanités. En 2013, le programme proposait de « combiner », c’est-à-dire, au sens premier, « d’unir ensemble », les approches géographiques, historiques et géopolitiques. Désormais, il s’agit « d’articuler » ces disciplines qui doivent donc rester séparées. « L’hybridation », autre mot à la mode, des savoirs ne saurait en effet aboutir à « confondre leurs démarches respectives ».  A mots couverts, le nouveau programme d’HGGMC rend ici compte de débats épistémologiques mais aussi de la « lutte des places » entre des disciplines complémentaires mais aussi concurrentes.

    En 2021, c’est à l’évidence la géopolitique, promue en tant que « fil directeur » du programme qui l’emporte sur les matières vénérables que sont l’histoire et la géographie. Le nombre d’occurrences de ces dernières est quasiment identique dans le programme de 2013 et dans celui de 2021 (cinq à sept occurrences). Au contraire, deux autres termes connaissent une utilisation renforcée en 2021 : la géoéconomie, qui traduit la montée en puissance de l’arme économique dans la politique de puissance des Etats, est mentionnée cinq fois en 2013 et dix fois en 2021. Quant à la géopolitique, elle est citée vingt-cinq fois dans le programme de 2013… et trente-six fois dans le programme de 2021.

    Pour télécharger la figure 1, cliquer sur l’image ci-dessous :

     

    Article HGGMC

     

    Les nouveaux programmes du secondaire ont eu un impact limité sur l’HGGMC

    Depuis la rentrée 2019, les lycéens peuvent suivre en classe de Première et de Terminale une spécialité « Histoire, Géographie, Géopolitique et Sciences Politiques » (HGGSP) où sont abordés plusieurs sujets du programme d’HGGMC de la classe préparatoire : la puissance, les frontières, les mers et les océans… Probablement pour ne pas désavantager les lycéens qui n’auraient pas suivi cette spécialité, le programme d’HGGMC reprend tous ces thèmes comme s’ils étaient nouveaux pour tous les préparationnaires.

    En dehors de quelques références sur la « capacité à s’exprimer à l’oral » ou sur le rôle des « opinions publiques » (un thème de spécialité en HGGSP), le programme d’HGGMC de la classe préparatoire semble d’ailleurs peu impacté par la réforme du lycée.

    L’un des points aveugles de cette réforme du lycée, qui n’a d’ailleurs suscité que très peu de débats, est le caractère encyclopédique tout autant qu’expéditif du programme d’histoire de tronc commun, notamment en Terminale. On peut rappeler à titre d’exemple que la période qui court de 1929 à 1945, dans le monde et en France, est désormais traitée en « 13 à 15 heures ». Durant ce laps de temps, les lycéens devront à la fois s’intéresser à la dépression des années 1930, à l’Estado Novo mis en place au Brésil par Getulio Vargas, au fonctionnement des régimes totalitaires en Europe, sans s’appesantir sur leur mode d’accession au pouvoir et à la Seconde guerre mondiale dans le monde et en France ! Ce temps contraint induit un très faible approfondissement des notions, des explications et des connaissances et un faible ancrage des connaissances par les lycéens. La réforme du lycée est donc peu susceptible de remédier au déficit chronique de maîtrise de l’histoire du XXe siècle des étudiants de première année de classe préparatoire.

     

    L’architecture générale du nouveau programme d’HGGMC est conservée mais sa structure est réorganisée

    La continuité du programme d’HGGMC de la classe préparatoire entre 2013 et 2021 concerne d’abord l’architecture générale des quatre modules semestriels qui reste identique. En première année, les étudiants travailleront à partir de 2021 comme depuis 2013 sur les mutations du monde « au XXe siècle » et non plus « depuis 1913 », puis sur la mondialisation contemporaine. La principale modification concerne la borne chronologique des « années 1990 », désormais supprimée, ce qui permet d’élargir les approches jusqu’à « nos jours ». La suppression de cette limitation temporelle était devenue indispensable au fil des années et n’appelle pas de commentaires.  De même, la deuxième année reste consacrée à l’étude géopolitique des grands ensembles régionaux du monde (Afrique, Asie, Amériques, Europe, Proche et Moyen-Orient). Par rapport au programme de 2013, l’Afrique est promue au rang de « continent » alors que l’Asie passe du statut de « continent multipolaire » à celui de « région multipolaire ».

    Au-delà des débats sémantiques, les concepteurs du programme en ont modifié de manière significative la structure interne (voir Figure 1 lien à télécharger). Les développements consacrés à la France ont ainsi été déplacés et regroupés à la fin du deuxième module de première année. Cela n’interdit bien évidemment pas de faire appel à des exemples relatifs à la France dans le premier module. Dans la même logique, le sous-module consacré aux transformations du monde après 1990 passe du second au premier module. Enfin, les séquences consacrées aux transformations de l’économie mondiale sont regroupées à la fin du premier module. Cette nouvelle organisation renforce la cohérence et la progressivité du programme de première année.

    Une autre innovation du programme de 2021 est de proposer des séquences introductives permettant de clarifier les concepts et les enjeux de chaque grande question abordée. C’est par exemple le cas pour la géopolitique et les relations internationales ou pour les relations entre croissance et développement, deux séquences judicieusement placées avant d’entamer l’approche historique du XXe siècle. Le programme de deuxième année porte la marque de cette volonté de clarifier les enjeux généraux avant d’aborder les questions particulières :  dans le quatrième module, la géopolitique des Amériques de la région asiatique est désormais abordée avant d’examiner les dynamiques des sous-ensembles régionaux (Amérique du nord, Amérique latine ; Chine et Inde). Cette approche n’est toutefois pas retenue pour le continent africain, ou pour le Proche et le Moyen-Orient dont l’étude géopolitique n’intervient qu’après avoir étudié les « cultures et les sociétés ». De manière quelque peu paradoxale, cette approche par les « cultures et les sociétés » a quasiment disparu pour les Amériques et l’Asie, où elle n’est mentionnée que dans le commentaire du programme. Son maintien dans le libellé de la séquence pour l’Afrique et le Proche et le Moyen Orient laisse entendre, en creux, que les dynamiques géopolitiques, y seraient davantage sous-tendues par les différences culturelles et sociales que dans les autres sous-ensembles régionaux.

     

    Le nouveau programme d’HGGMC de la prépa ECG prend en compte des évolutions géopolitiques récentes

    Les libellés des chapitres et séquences du programme montrent la volonté des concepteurs du programme de tenir compte des nouveaux thèmes étudiés par la recherche universitaire, mais également des transformations du monde intervenues depuis 2013.

    Le changement des perspectives de la recherche scientifique ou la volonté de relier les aspects historiques du programme aux problématiques du temps présent est perceptible à plusieurs reprises. Dans le premier module, par exemple, il ne s’agit plus seulement d’étudier « la montée des totalitarismes » dans les années 1930, mais plus précisément d’étudier « l’arrivée au pouvoir de régimes autoritaires et totalitaires ». Cette modification, qui peut probablement être reliée à l’attention renouvelée des sciences sociales pour l’analyse des « populismes », est bienvenue. Elle permettra d’approfondir et de clarifier des notions à peine survolées dans le tronc commun de l’enseignement secondaire (voir supra). Dans la partie consacrée à la croissance et au développement, la période de 1913 à 1945 fait désormais l’objet d’un examen spécifique, qui permet d’étudier de façon plus approfondie les rapports entre croissance et crises, entre croissance et guerres, ou les « replis protectionnistes ». Dans le même ordre d’idées, le premier module consacre plusieurs développements aux conflits du « second » XXe siècle et du début du XXIe siècle. Si le caractère « nouveau » des guerres irrégulières, des conflits asymétriques, des « guerres hybrides » et des « guerres sans limites » peut faire débat, leur examen en première année, désormais prévue par le programme, s’avère indispensable.

    A l’inverse, la disparition de certaines expressions ou séquences traduit le déclassement – ou le dépassement – de certaines questions. Le « tiers-monde », cité à deux reprises dans le programme de 2013 a disparu en 2021. Dans la même perspective, « la construction européenne et ses enjeux » disparaît du premier module. Le troisième module est certes entièrement consacré à l’Europe, mais celle-ci est désormais considérée comme « une tentative toujours renouvelée d’intégrations multiples visant à dépasser les fragmentations héritées et contemporaines au risque d’en susciter de nouvelles ». On mesure ici brutalement le changement de perspective relatif au projet européen entre deux programmes pourtant distants de moins d’une décennie…

    Le « reclassement des puissances » intervenu depuis la fin de la guerre froide est également perceptible dans l’évolution des libellés du programme : en deuxième année, le Japon, qui figurait encore dans le libellé d’une des séquences en 2013, est relégué dans le commentaire du programme de 2021 comme un « pays non cité », dont il faut cependant « souligner le rôle ». A l’inverse, l’Inde « puissance régionale et mondiale » en 2013, est promue dans le programme de 2021 au rang de « possible géant de demain ». Alors qu’en 2013, le rôle du Brésil devait être étudié dans ses « ambitions régionales et mondiales », il apparaît en 2021 davantage relégué aux initiatives d’intégration régionale. Le traitement des émergences en Amérique latine doit désormais mettre en évidence des « processus souvent éphémères, incomplets et émaillés de crises ». Quant à la Russie, reléguée en 2013 dans les commentaires du programme comme un Etat à traiter avec les « Etats non-membres de l’UE », elle fait désormais l’objet, avec « l’espace méditerranéen » d’une séquence spécifique dans le troisième module de deuxième année.

    Dans ses attendus, le programme d’HGGMC invite à « s’initier à la prospective et à ses limites ». La lecture des programmes de 2013 et de 2021 souligne à l’encan les difficultés de cet exercice. Quasi absent du programme de 2013 (en dehors d’une mention relative à « l’environnement »), le changement climatique fait son entrée dans le programme en 2021, trente-trois ans après la création du Groupe Intergouvernemental d’Experts sur le Climat (GIEC). Quant aux défis du développement durable, qui doivent être traités « sous l’angle géopolitique et géoéconomique », ils ne font plus l’objet d’aucune énumération là où le programme de 2013 invitait à s’intéresser explicitement à « l’alimentation », à « l’eau » ou… à la « santé », sujet devenu subitement d’intérêt mondial en 2020. Dernière surprise, la question des « inégalités », mentionnée explicitement à deux reprises dans le programme de 2013, a quasiment disparu du programme de 2021, que ce soit dans les libellés de chapitres ou dans les commentaires.

    La critique apparaîtra facile pour ceux qui sont chargés, dans des délais souvent contraints, d’élaborer des programmes scolaires ou universitaires, qui doivent être à la fois consensuels, synthétiques et exhaustifs. A l’impossible, nul n’est tenu et les limites de cet exercice de programmation sont connues. La lecture comparative et critique de ces documents institutionnels n’en reste pas moins un exercice salutaire, tant pour repérer les angles morts d’une formation, que pour construire un enseignement répondant pleinement à ses exigences.

    Pour télécharger l’ANNEXE – Comparaison des programmes 2013 et 2021cliquer sur l’image ci-dessous :

     

    Article HGGMC_Comparaison

     



    Bonne copie 2020 : ESH ESSEC

    Obtenez l’intégralité des meilleures copies des élèves de la Prépa HEC d’IPESUP 

    Bonne copie : ESH ESSEC

    « Le modèle social français est-il à bout de souffle ? » 

    L’économie est une épreuve importante en prépa HEC, pour les ECE comme pour ceux qui auront choisi cet électif en classe préparatoire ECG. Chaque école parisienne conçoit son propre sujet, chacune avec une approche différente : tandis qu’HEC et l’ESSEC ont tendance à proposer des intitulés plus historiques et transversaux, les sujets de l’ESCP sont souvent plus techniques.

    De même que pour la Culture générale (Lettres et Philosophie pour les élèves en ECG) et la Géopolitique, le contenu compte autant que le choix du plan et de l’articulation des arguments mise en place par le candidat. Il n’existe bien entendu pas de plan idéal ou de réponse parfaite au sujet, comme le rappelle ci-dessous le rapport de jury HEC 2018, néanmoins l’étudiant est évalué sur sa capacité à mettre en valeur des idées appuyées par des arguments étayés et correctement mis en forme.

    « Il n’y a jamais de plan type attendu par le jury, qui peut se satisfaire aussi bien d’un plan thématique que d’un plan historique pourvu qu’il soit cohérent et équilibré. » Jury Ecrit HEC, 2018. 

    Il est donc tout à fait possible d’illustrer ses idées aussi bien à l’écrit qu’à l’oral par des graphiques simples démontrant une compréhension des mécanismes économiques fondamentaux explicitement attendue par des correcteurs.

    Le travail au brouillon est généralement le moment le plus crucial des épreuves. Le travail de l’étudiant doit commencer par une définition méticuleuse du sujet grâce à des bornes temporelles et théoriques, un tri rapide des connaissances ainsi qu’un questionnement profond sur les acteurs économiques concernés par le problème posé.

    Il est recommandé de construire un plan en trois parties muni de transitions logiques, déjà préparées au brouillon afin de ne pas négliger un pan du sujet et d’insuffler une certaine dialectique à la copie.

    Il faut bien entendu éviter à tout prix de dresser un catalogue de connaissances plus ou moins vagues. Il vaut mieux réduire le nombre  de références mais citer correctement (auteur, nom et date de l’ouvrage) et développer autour d’elles des raisonnements plus longs et argumentés.

    Retrouvez en téléchargement gratuit une dissertation d’un de nos étudiants notée 19/20 à l’épreuve d’Économie, Sociologie et Histoire du monde contemporain en 2020. Lire une très bonne copie contribue souvent à passer un cap et peut être plus parlant que de lire une énième méthodologie. Retenez toutefois que cette copie ne doit pas être comprise comme un modèle universel, mais comme un exemple de propos extrêmement convaincant. Cela n’implique pas qu’une approche quelque peu différente soit fausse. Bonne lecture !

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    Culture générale : Descartes et les limites de l’amour

    Le thème de Culture générale pour 2022 en prépa HEC est Aimer. Christophe Cervellon, ancien élève de l’École Normale Supérieure, agrégé de Philosophie et professeur de Culture générale à Ipesup, propose une analyse du thème à travers l’œuvre de Descartes.
    Téléchargez gratuitement ce cours en cliquant sur l’image ci-dessous :

     

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    Extraits :

    La passion

    Qu’est-ce qu’une passion ? Dans la passion, il y a, comme on vient de le relever, un rapport à la nouveauté : soudain quelque chose arrive qui pouvait ne pas arriver et, en l’espèce, quelque chose est causée dans l’âme, qu’elle ne cause pas : ce qui est causé dans l’âme est causé par le corps, ou avec le corps, et il n’y aurait pas nouveauté dans l’âme, s’il n’y avait pas d’abord rapport de l’âme au corps. Le corps est ce qui agit l’âme, non pas en ce sens qu’il agit immédiatement sur l’âme, comme une boule de billard en pousse une autre, mais en ce sens que, dans la passion, l’âme et le corps “agissent l’un contre l’autre”, pour reprendre les propres mots de Descartes, et qu’ils se ressentent tous deux de cette interaction. Il n’est pas besoin d’entrer ici dans le problème de cette “union”, qu’affronte le paragraphe 34 du Traité des Passions. Comment penser l’ajustement des mouvements du corps aux mouvements de l’esprit, lors même que pour Descartes corps et esprit sont à ce point différents, qu’il ne saurait y avoir entre eux rien de commun : comment ce qui est divisible et composé le corps – pourrait-il agir sur ce qui est indivisible et simple – l’âme ? Que serait une réalité à la fois étendue et inétendue, pour mettre en rapport deux réalités inassignables ? Mais ce qu’il est important de voir, c’est que les troubles du corps ne lais- sent pas d’avoir des effets sur l’âme, et qu’en un sens les troubles du corps troublent l’âme. Le mouve- ment qui part dans la nature du corps poursuit son cours (mais aussi n’est-ce plus le même mouvement) dans l’esprit.

    L’amour

    Pour Descartes, l’amour, qui est l’une des six passions primitives, est :“une émotion de l’âme causée par le mouvement des esprits qui l’in- citent à se joindre de volonté aux objets qui paraissent lui être convenables”.

    La générosité, la clef de toutes les vertus

    La générosité est chez Descartes “la clef de toutes les vertus” (§161).  
    Dans sa forme, la générosité est une passion, et comme passion, elle est une affection qui nous rapporte à nous-mêmes, et qui suppose un mouvement des esprits animaux. Plus encore, de même que la passion supposait un redoublement du rapport à soi, puisque dans la passion l’âme sent comme en elle-même, la générosité est de surcroît une passion de soi, ou une manière qu’a le sujet d’être passionné par lui-même, et plus précisément, par sa propre valeur.

     

    Générosité et amour

    Mais si la générosité n’est pas structurellement liée à l’amour de soi, ni même à l’amour de la générosité, cela ne veut pas dire que le généreux n’aime pas. Au contraire, le généreux aime : il s’aime, il aime la généro- sité, et il aime les autres.Et force est de demander quelle forme prendra dès lors l’amour du généreux.

    Affection, amitié, dévotion

    L’amitié est ainsi à la fois chez Descartes une forme concrète de l’amour (qui, en tant que tel, ne me décentre pas), et une forme idéale de relation où la générosité s’exprime (ce qui m’amène à reconnaître l’égale dignité d’autrui, et à ne pas me préférer à lui). Aussi Descartes peut-il écrire : “Quand deux hommes s’entr’ aiment, la charité veut que chacun d’eux estime son ami plus que lui- même”.  Car dans l’amitié, il ne s’agit pas simplement d’aimer l’autre, mais aussi bien de l’estimer égal à soi (et en ce sens de le reconnaître). Alors que sous le rapport de l’amour, l’amitié de l’homme d’honneur était comparable à la volonté du brutal de violer la femme aimée, et à ce point comparable que Descartes juxtaposait immédiatement ces deux exemples, dans l’amitié, l’homme généreux ne se contente pas de voir en l’autre

    Christophe Cervellon Ancien élève de l’École Normale Supérieure, agrégé de Philosophie et professeur de Culture générale à Ipesup

    Retrouvez bientôt le livre de référence sur le thème de l’année, rédigé par Christophe Cervellon et publié chez major.



    Classes préparatoires aux Grandes Écoles de Commerce – La nouvelle Prépa ECG

    La classe préparatoire économique et commerciale, plus communément appelée « Prépa HEC », est une formation pluridisciplinaire et exigeante de deux ans menant aux concours d’entrée des Grandes Écoles de Commerce et de Management. Ces dernières, offrant un nombre de places croissant, recherchent des profils d’étudiants de haut niveau à l’aise dans des matières variées (mathématiques, sciences économiques et sociales ou histoire, géographie et géopolitique, humanités et langues), capables de comprendre et d’appréhender les évolutions du monde contemporain.

     

    La réforme des classes préparatoires économiques et commerciales (EC)

    Pour s’adapter à la récente réforme du lycée, les deux voies économique (ECE) et scientifique (ECS) qui s’offraient jusqu’en 2020 aux lycéens issus de la voie générale (filières ES et S) ont fusionné en une seule voie dite générale (ECG), proposant un socle commun de formation associé à deux enseignements électifs à partir de la rentrée 2021. Pour les élèves issus d’un baccalauréat technologique, la voie ECT demeure identique.

    Les matières communes aux élèves rejoignant une classe préparatoire ECG sont les Lettres et Philosophie (anciennement appelées « Culture générale ») et deux langues vivantes. 

    En complément de ce socle commun de formation, le futur préparationnaire pourra choisir entre deux niveaux de mathématiques : « Mathématiques approfondies » et « Mathématiques appliquées », et entre deux disciplines en sciences humaines et sociales : « Économie, Sociologie et Histoire » et « Histoire, Géographie et Géopolitique ».

    Il sera donc possible de choisir entre quatre combinaisons possibles d’enseignements, contre deux avant la réforme.

     

    Quatre combinaisons possibles d’enseignements

     

    Le volume horaire est réparti par le ministère l’Education nationale de la manière suivante :

    Quatre combinaisons possibles d’enseignements

    Les spécialités de la classe préparatoire ECG

    Pour parfaire la formation de leurs élèves, les classes préparatoires, privées notamment, sont libres d’ajouter des heures supplémentaires de cours à ces horaires indicatifs. C’est le cas de l’IPESUP, pour la plupart des matières.

    Toutes les classes préparatoires proposent-elles les quatre parcours possibles ?

    Non. C’est pourquoi il est indispensable, lors de la formulation des choix de classes préparatoires ECG dans Parcoursup (ou hors Parcoursup pour les prépas privées hors contrat), de bien se renseigner sur les options proposées par chaque établissement.

    Certaines classes préparatoires ne proposeront qu’un parcours, comme le lycée parisien Louis Le Grand (HGG + mathématiques approfondies) ou le Centre Madeleine Daniélou (ESH + mathématiques appliquées), d’autres en proposeront deux, comme Saint Louis de Gonzague (ESH + mathématiques approfondies et ESH + mathématiques appliquées).

    Enfin, certains établissements choisissent de proposer l’ensemble des combinaisons possibles, à l’instar d’Ipesup, Notre-Dame de Grandchamp à Versailles, ou les lycées lyonnais Ampère et les Chartreux. 

     

    Quels enseignements de spécialité choisir pour une classe préparatoire ECG ?

    Les mathématiques sont la matière qu’il est indispensable de conserver en classe de Première comme en Terminale. Que l’étudiant choisisse mathématiques appliquées (8 heures hebdomadaires) ou mathématiques approfondies (9 heures hebdomadaires), le temps consacré aux mathématiques et le niveau exigé au cours des deux années de classe préparatoire demeureront conséquents. Comme le rappelle Alain Joyeux, les étudiants sont appelés à devenir « des généralistes avec un haut niveau en maths. »

    En classe de Première, l’élève devra donc choisir l’enseignement de spécialité (ES) mathématiques ainsi que deux autres enseignements de spécialité de son choix.

    En classe de Terminale, l’élève pourra soit :

    • Conserver l’ES mathématiques (avec éventuellement l’option maths expert) ;
    • Abandonner l’ES mathématiques et choisir l’option mathématiques complémentaires.

    En dehors de cet impératif de conserver les mathématiques pendant les deux années de Première et de Terminale, les choix de spécialité sont libresLa conférence des Grandes Écoles insiste : les étudiants intéressés par les enseignements « Sciences économiques et sociales » ou « Histoire, Géographie, Géopolitique et Sciences Politiques » sont naturellement encouragés à les choisir. « Toutefois, cela n’est nullement une condition pour un parcours en classes préparatoires économique et commerciale dans l’avenir, car le programme de la Classe préparatoire n’exigera pas de prérequis liés à ces deux spécialités. Cela signifie concrètement que les étudiants peuvent (et doivent !) choisir en fonction de leurs goûts. »

    Toutefois, certaines classes préparatoires ont exigé cette année dans Parcoursup que les candidats aient opté en classe de Terminale pour l’enseignement de SES ou de HGGSP. D’autres ont « très fortement conseillé » ces enseignements. Là encore, il est primordial de sonder les différentes classes préparatoires sur leurs exigences. Ipesup a décidé d’examiner tous les dossiers de candidature pourvu que les candidats aient suivi un enseignement de mathématiques (en spécialité ou en option) en Première et en Terminale.

    En effet, l’expérience montre que les élèves issus d’une filière scientifique n’ont pas souffert de leurs lacunes – finalement minimes – dans les matières littéraires et en sciences humaines en entrant en classe préparatoire économique et commerciale, lorsqu’ils ont fourni les efforts adéquats. Il est donc tout à fait possible de poursuivre en Terminale un enseignement de spécialité distinct des matières étudiées en classe préparatoire. Les CPGE recherchent d’abord des profils intellectuels remarquables et peuvent faire fi d’une orientation scientifique au Lycée lorsque le dossier académique de l’élève est de bon niveau.

    A titre d’exemple, un élève hésitant entre la filière scientifique et la Prépa HEC pourrait, par précaution, sélectionner les spécialités Mathématiques et Physique-Chimie sans se voir forcément fermer les portes de la Prépa HEC.

    Enfin, le troisième enseignement de spécialité de Première ne fait pas l’objet de directive particulière. Il pourrait donc être recommandé de (i) choisir cet enseignement en fonction d’une affinité personnelle afin d’y maximiser sa note, ou (ii) choisir l’enseignement Humanités, Littérature et Philosophie (HLP) afin de se préparer aux cours de Lettres et Philosophie dispensés en Prépa HEC.

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    Entretien avec Katia Heinzelmeier, ancienne préparationnaire en BCPST, étudiante en 1ère année aux Ponts, passée par Optimal Sup Spé

    Photo Entretien Katia_1

    Après un bac S spécialité mathématiques, tu t’orientes vers une classe préparatoire BCPST à Pierre de Fermat à Toulouse. Pourquoi avoir choisi cette voie ?  

    J’ai décidé de faire une prépa très tôt dans mon parcours (au collège probablement). En effet, la prépa est un moyen de se laisser le choix encore quelques années (à 18 ans je ne me sentais pas prête à choisir un métier) et je me suis donc plutôt concentrée sur ce que je voulais étudier.  De plus, la prépa permet d’être reconnu très rapidement (et je pense que toute jeune personne éprouve le besoin, au cours de son adolescence, d’être considérée comme un adulte) et de se donner à fond dans quelque chose. Faire une prépa était donc un choix de départ.

    En revanche, choisir la prépa dans laquelle je voulais aller était une autre paire de manches. J’ai longuement hésité entre plusieurs possibilités (prépa scientifique ou littéraire ? HEC, MP, BCPST, PC,… ?). J’ai choisi une prépa BCPST car je ne voulais pas abandonner de matière. J’aime le caractère très complet de la BCPST. On y étudie les mathématiques, la physique-chimie, la biologie, la géologie, le français-philosophie-littérature, la géographie et l’informatique. C’est ce qui rend cette prépa intéressante mais aussi très difficile car il faut être bon en tout.

     

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    Photo de classe prise en première année à Fermat, « nous avions capturé le Poireau » explique Katia.

     

    Comment se sont passées tes deux premières années de prépa à Pierre de Fermat ?

    Mes deux premières années se sont passées très différemment l’une de l’autre.

    Je suis arrivée en première année avec « la boule au ventre » et l’excitation de la découverte. Je me suis beaucoup donnée pour avoir de bons résultats et c’est ce qui s’est produit (j’étais classée dans les 10 premiers). La première année est également une année pleine de traditions à Fermat. Nous avions des chants, des salles aux murs dessinés entièrement par les élèves, des festivités toutes plus farfelues l’une que l’autre. J’ai donc passé une très bonne première année (globalement, car la prépa reste une épreuve en soi).

    Ma deuxième année est probablement l’année qui m’aura le plus endurcie. Malgré une préparation pendant les vacances d’été je n’ai pas réussi à me hisser au même niveau que l’année précédente (mon classement général se situait probablement autour de 20 sur 47). Même si cela était dû à la présence des 5/2, j’avais l’impression de commencer à la traîne. Mon acharnement sur le classement n’a probablement pas beaucoup amélioré la situation et je me suis vite retrouvée découragée.

    Cette deuxième année a également été l’une des plus longues de ma vie. Il faut savoir qu’en avril débute une période de 3 semaines de révisions aboutissant aux épreuves écrites des concours (durant 3 semaines environ si on passe les 3 concours). Après les écrits, on enchaîne avec une période de préparation des oraux, période difficile car on attend nos résultats d’admissibilité tout en supposant être admissible. Si l’on est déclaré admissible, on se déplace à Paris pour passer nos oraux autour de juin-juillet.

    Je dirais donc que globalement j’ai beaucoup grandi dans cette prépa et que j’en garde un très bon souvenir.

     

    Après des résultats aux concours qui ne sont pas à la hauteur de tes attentes, tu décides de faire une troisième année de prépa à Janson de Sailly à Paris. Comment s’est fait ton choix de repasser les concours et pourquoi avoir décidé de changer d’établissement et de ville ?

    Le classement de mes deux années de prépa à Fermat me laissait espérer d’intégrer AgroParisTech (et donc toutes les autres agro) ou l’école vétérinaire de mon choix. Cependant, je ne voulais pas choisir par défaut et je travaillais donc pour réussir tous les concours et faire mon choix plus tard.

    A l’issue de ma deuxième année, j’ai été déclarée admissible à AgroParisTech, aux écoles vétérinaires et aux écoles proposées par le concours G2E. Après les oraux, une place m’a été offerte dans toutes les écoles d’agronomie sauf AgroParisTech et je n’ai pas été prise aux écoles vétérinaires. J’ai en revanche très bien réussi le concours G2E me classant dans les 30 premiers du concours.

    Quand j’y pense aujourd’hui, cet « échec » a été une grande opportunité pour moi. Je n’ai pas eu besoin de beaucoup réfléchir pour décider de faire une 5/2 .

    Mon unique critère était mon état physique et mental. Physiquement, je me sentais assez forte (après 2 mois de vacances bien méritées) pour repartir en prépa (sachant pertinemment qu’une troisième année est toujours plus facile physiquement). Mon état mental en revanche était beaucoup plus difficile à jauger. Après cette deuxième année laborieuse j’avais peur de la place du redoublant. Mes amies partaient en école et moi je devais retourner dans l’incertitude de la prépa. De plus ma confiance en moi avait été mise à rude épreuve.

    J’ai donc pris le risque de partir loin de Toulouse et ainsi de prendre un nouveau départ. Aujourd’hui, je ne regrette pas du tout ce choix mais j’ai conscience que celui-ci n’est pas adapté à tout le monde.

     

    C’est pendant ta troisième année que tu rejoins Optimal Sup Spé. Quels cours as-tu suivi et que t’ont-ils apporté ?

    J’ai suivi les cours de pré-rentrée (deux semaines de maths et de physique intensives) et les semaines de préparation en philosophie (à la rentrée et à Noël). Ces cours m’ont permis de me préparer à la rentrée en remettant mes réflexes en place. Ils m’ont également permis de reprendre confiance en moi en me confrontant à des annales et aux autres élèves. Enfin, ils m’ont permis de poser de nombreuses questions et d’approfondir mon cours.

    J’ai également pris des cours de mathématiques en petite classe (environ 5 élèves) tous les samedis de 14h à 16h. Ces cours étaient particulièrement intéressants pour moi qui visais le concours ENS et les oraux de l’X. Ils permettaient en effet d’avoir un nouveau point de vue sur le cours. Ils sont probablement à l’origine de ma réussite en mathématiques à l’ENS (15,5/20 à l’épreuve de maths).

    Enfin, je suivais des cours de physique-chimie (environ 4h) presque tous les dimanches. Ces cours ont été les meilleurs cours de physique-chimie de ma vie et ils m’ont permis d’obtenir la première place en physique au cours de ma 5/2. Les exercices étaient très intéressants et permettaient à chacun de se challenger à son niveau.

     

    Qu’as-tu pensé du cadre de travail et des professeurs d’Optimal ?

    Le cadre de travail est très bon à Optimal Sup-Spé car les locaux sont situés en plein centre de Paris ce qui est facile d’accès. De plus les locaux sont bien isolés ce qui rend la concentration aisée (je restais souvent les samedis jusqu’à fermeture des locaux pour profiter au maximum de ces atouts). Bien entendu il reste des choses à améliorer comme l’isolation thermique des locaux !

    L’administration est également un atout d’Optimal car toujours à l’écoute des besoins de ses élèves tout en gardant une bonne humeur à toute épreuve.

     

    Tu indiques avoir eu du mal à trouver une bonne méthode de travail pendant le mois de révision qui a précédé les concours en fin de deuxième année. Comment as-tu organisé cette période en cinq demi ? 

    Il faut savoir que mon année de 5/2 a été très particulière pour les révisions puisque ces dernières n’ont pas duré trois semaines mais plusieurs mois à cause de la situation sanitaire. Mon organisation était donc très particulière.

    Cependant, si je devais donner des conseils aux futurs prépas : il faut se connaître pour adapter au mieux ses révisions à soi. Certains pourront travailler de 8h à 22h quasiment sans arrêt, d’autres auront besoin de plus de repos (de faire du sport par exemple) pour être efficaces. Personnellement, j’aime travailler longtemps mais rester dans le cadre d’une vie saine (se faire plaisir de temps en temps dans la journée, aller faire du sport 1h par jour si possible et manger ce qui me fait plaisir). J’ai respecté cela pendant mes révisions. J’ai également pris le jour de repos avant le début des écrits pour m’aérer la tête. Cependant, (et il s’agit là de MON expérience) je considère qu’il faut prendre le jour précédant les écrits pour se remettre dans le bain. Bien entendu le risque est de se stresser et d’avoir du mal à dormir mais il vaut mieux être prêt à partir avec le coche (quitte à le prendre de travers) que de le rater complètement par manque de concentration sur la ligne de départ. Si je devais citer une erreur que j’ai faite en deuxième année et qui m’a probablement amenée à redoubler c’est bien cela.

    Mon conseil pour les révisions : faites-vous confiance. Vous avez déjà fait 2 (ou 3) ans de préparation intensive pour cette épreuve. Ne vous remettez pas en cause et n’ayez pas de regrets.

     

    Est ensuite arrivée l’heure des concours, où tu as pris une belle revanche sur l’année précédente. Raconte-nous ton expérience et les principaux résultats que tu as obtenus.

    Le matin de l’épreuve de 6h de biologie pour l’École normale supérieure je me suis réveillée à 5h du matin après une insomnie insupportable. J’avais des crampes d’estomac dues au stress. J’ai fait 1h de yoga avec une vidéo sur internet pour essayer de me dénouer et je n’ai pas pu avaler de petit déjeuner. Une fois devant ma feuille d’examen tout allait mieux j’ai enfin pu manger quelque chose et mon cerveau fonctionnait. Je suis sortie de mon épreuve de 6h en ayant donné mon maximum. Une fois cette première épreuve passée, le reste de la semaine a filé très rapidement.

    Contrairement à ce qu’on pourrait penser, cette épreuve s’est finalement bien passée. Ceci m’a appris que l’impression que donne une épreuve (de réussite ou d’échec) est rarement vérifiée. Il ne faut surtout pas s’effondrer après une épreuve que l’on croit avoir ratée.

    Entre les concours ENS, Agrovéto et G2E, j’ai entrepris de réviser entièrement mais en accéléré mes cours.    

    Encore une fois il s’agit là de ma façon de travailler : je révisais le soir, le matin et même quelques instants avant les épreuves que j’allais avoir. Ceci me permettait de laisser derrière moi l’épreuve que je venais de passer et de me concentrer sur l’épreuve suivante.

    J’ai eu une moyenne d’environ 14,6 avec les coefficients de l’X mais je n’ai pas été admissible à cause des points négatifs de 5/2. Je n’ai pas non plus été admise à l’ENS de la rue d’Ulm.

    J’ai en revanche été classée à toutes les autres écoles proposées par les trois concours.

     

    De nombreuses portes d’écoles se sont ouvertes à toi à l’issue des concours, et tu as choisi les Ponts. Pourquoi ? D’autant que ce parcours est singulier, les Ponts ne réservant que quatre places aux BCPST.

    Comme je l’ai expliqué au début de cet entretien, j’aime avant tout comprendre la biologie à partir des mathématiques, de la physique et de la chimie. En analysant les offres qui m’étaient faites, les cursus proposés par les écoles d’ingénieurs généralistes (Ponts Paristech, X et Centrale) sont ceux qui me permettaient de réaliser le mieux mon objectif. Ayant mieux réussi le concours ENS (Lyon et Paris-Saclay), l’école des Ponts Paristech était mon meilleur choix.

     

    Quelles sont les particularités de cette école ?

    C’est une très bonne question d’autant plus que je pense qu’il faut choisir son école non pas seulement en fonction de sa renommée mais également selon ce qu’elle propose comme parcours et son éthique.

    L’école des Ponts Paristech, contrairement à ce que laisse entendre son nom, est une école très généraliste. Elle propose plusieurs cursus en deuxième année (Génie industriel, Génie mécanique, Génie ville environnement transport, etc.) Elle est également connue pour son département finance qui est à la pointe de l’innovation. Enfin, cette école est sous la tutelle du ministère de l’écologie.

     

    Raconte-nous tes premiers mois en école (la vie du campus, hélas bien vite interrompue, les cours…)

    Mes premiers mois à l’école sont marqués par une vie associative certes compliquée et ralentie mais jamais totalement interrompue. J’ai ainsi eu le plaisir de rencontrer de merveilleuses personnes à l’ENPC.

    Cependant, en tant que BCPST, ces premiers mois constituent surtout une nouvelle difficulté pour moi. En effet, n’ayant pas eu le même parcours que la majorité des étudiants les cours ne sont pas du tout adaptés à mes notions et je me retrouve très vite perdue. D’autant plus qu’il faut parfois travailler beaucoup plus que les autres pour rattraper les notions manquantes. Heureusement, les amis que je me suis faits m’ont permis de rester toujours à flot.

     

    Comment ta vie étudiante s’est-elle réorganisée après la fermeture du campus ? Arrives-tu à suivre quelques TP en présentiel ?

    Au moment du confinement en octobre, je décide de rentrer chez mes parents. Cette décision me permet en particulier de me concentrer sur mes études et d’avoir de meilleures notes donc je ne la regrette pas.

    Il n’y a pas de TP ni de cours en présentiel durant cette période. Cependant, bien que la fermeture du campus et le confinement soient un coup dur pour la vie étudiante, l’être humain ne peut pas vivre sans une dimension sociale. La vie étudiante trouve toujours un moyen d’exister d’autant plus que nous avons la chance d’avoir une résidence étudiante pour les première et deuxième années.

     

    Quels sont tes projets pour l’avenir ? As-tu une idée de ce que tu souhaiterais faire une fois ton diplôme en poche ?

    S’il y a une chose que j’ai découverte au cours de mes quelques années de vie c’est qu’il n’y a pas de « projet pour l’avenir ». Petite je rêvais d’être vétérinaire, aujourd’hui je suis un futur ingénieur.

    Je n’ai pas de projets définis pour l’avenir. Je pense avancer en faisant mes choix au fur et à mesure en essayant de prendre ce qui m’intéresse le plus.

    Aujourd’hui j’hésite entre intégrer le département Génie mécanique et le département finance. Demain peut-être me découvrirai-je un goût pour la ville et les transports.

    Je vise un double diplôme Ponts-HEC donc j’obtiendrai mon diplôme dans encore au moins quatre ans. D’ici là je pense que ma vie aura encore fait mille tours.

    Mais en attendant, je m’intéresse de plus en plus au milieu du luxe. Je pense faire des stages dans cet environnement qui attise ma curiosité et peut-être que dans quatre ans je serai en mesure de répondre à cette question.

    Si j’avais un conseil à donner à tous ceux qui se demandent comment choisir son avenir : donnez-vous toujours les moyens de faire ce qui vous plaît. Testez un maximum de choses, restez ouverts, personne ne sait réellement où la vie le mènera. Surtout ne limitez pas l’univers de vos possibilités. Le travail et la volonté sont la clef de tout.

     

    Merci Katia d’avoir accepté cet entretien !



    Entretien avec Pauline Négrin, cadre de direction à la Banque de France, passée par nos classes préparatoires aux IEP de Province et notre prépa Banque de France d’été

     

    Entretien Pauline Négrin_BDF

     

    Tu es passée deux fois par nos bancs, mais tu as aussi étudié à Sciences Po Aix et au prestigieux Massachusetts Institute of Technology (MIT). Peux-tu retracer pour nous ton parcours estudiantin, du baccalauréat à la Banque ?

    Bien sûr ! J’ai obtenu un bac ES en 2011, dans les Alpes Maritimes, avant de déménager à Paris pour préparer les concours de Sciences Po. En effet, à mon époque – qui n’est pas si ancienne ! –, chaque IEP avait son concours dédié. Ce fut une année éprouvante mais riche en enseignements. Et, à l’issue de cette année, j’ai réussi à être admise à plusieurs IEP : certains m’intéressaient beaucoup, comme l’IEP de Lille pour sa filière franco-britannique, l’IEP de Bordeaux, et, bien sûr, l’IEP d’Aix. J’ai fait le choix d’Aix, non pas tant parce que cet IEP est le plus proche de ma région natale mais à cause de la spécialisation Affaires publiques qui y était proposée, à cause des bons résultats que l’IEP d’Aix avait aux concours administratifs, et enfin en raison des nombreux partenariats intéressants en 3A. Et je ne l’ai pas regretté, car j’ai passé de très belles années à Aix, j’ai pu passer ma troisième année aux Etats-Unis en partenariat avec le MIT, et j’ai obtenu le concours de cadre de direction en 2017 après mon Master Carrières publiques !

     

    Que t’a apporté IPESUP pendant tes années d’études ?  

    IPESUP a marqué mon parcours car j’ai intégré une maison où l’excellence et la rigueur sont les maîtres mots juste après le lycée. En un an, j’ai goûté à l’exigence intellectuelle qui m’a marquée tout au long de mon parcours académique. La qualité des enseignements quels qu’ils soient (anglais, histoire, culture générale – grande découverte ! –) nous a donné le goût de la lecture de l’actualité, de la presse, à être plus au fait des grands enjeux contemporains. Le niveau d’exigence à IPESUP est élevé, mais la taille des classes permet une proximité avec les étudiants, les professeurs sont accessibles, et dès lors qu’on veut comprendre et progresser, ils sont toujours prêts à nous aider. L’institut a réussi son pari : avoir des intervenants très divers mais toujours d’une grande qualité. Quand on m’a sollicitée pour préparer le concours de la Banque de France, j’ai essayé de m’inscrire au mieux dans cette démarche en donnant aux étudiants les meilleurs conseils possibles. Ce goût pour le travail et la curiosité a largement contribué au fait que je sois bien classée aux concours, notamment à l’IEP d’Aix.

     

    Te souviens-tu d’un cours ou d’un professeur particulièrement marquant ?

    Je me souviens avec émotion de Michel Prigent, disparu il y a quelques années maintenant, qui fut mon professeur d’histoire en classe annuelle Sciences Po. Je me souviens de ses cravates colorées et sa moustache en « guidon de vélo » comme il se plaisait à le dire souvent.

     

    Que deviennent tes camarades de promo ?

    J’ai encore quelques nouvelles, fort heureusement ! Nous sommes partis dans des directions différentes.  Je pense, de prime abord, à deux camarades de promotion qui ont intégré l’ENA, une camarade qui est devenue journaliste reporter internationale, plusieurs camarades qui travaillent dans l’humanitaire, ou encore à une camarade devenue inspectrice des douanes.

     

    Après ton année de classe préparatoire aux IEP de Province à IPESUP, tu intègres Sciences Po Aix. Comment as-tu vécu ce changement d’univers ?

    Le changement est net, c’est certain ! L’année de préparation aux IEP a duré un an, et a été un marathon, très intense en termes de travail, mais fort heureusement dans un environnement de travail très personnalisé et avec une stimulation intellectuelle permanente. Les premiers mois en IEP sont très différents, on découvre les cours à 200 ou 250 étudiants dans des amphis qui peuvent être impressionnants, avec une distance entre étudiants et professeurs davantage marquée. Le blues de la prépa est une réalité les premiers mois ! Plus sérieusement, Aix est un IEP à taille humaine et à l’atmosphère très agréable, qu’il s’agisse des cours comme de cette ville provençale que j’adore. Aujourd’hui, je prends part aux enseignements en économie en tant que chargée de TD ; cela m’a semblé très naturel.

    A Sciences Po Aix, j’ai aussi découvert une vie étudiante et associative caractéristique de la vie en IEP. Je me suis investie en tant que vice-présidente d’une association, et en tant qu’élue étudiante au Conseil d’administration de l’IEP d’Aix. C’est très concret : aller déposer des dossiers en préfecture, découvrir les liens entre associations et administrations locales ou nationales, s’exprimer à l’oral, travailler en équipe ou encore préparer ses interventions pour gérer son stress. Cela me sert tous les jours aujourd’hui dans mon métier à la Banque. C’est pour cela que je conseille aux étudiants de compléter leur parcours académique avec des expériences associatives qui leur importent ! Et les IEP sont particulièrement riches pour cela, et préparent de fait à de nombreuses carrières !

     

    Pourquoi as-tu souhaité t’orienter vers le service de l’Etat ?

    J’ai su très tôt que je voulais travailler dans le secteur public. Il faut dire que mon père est médecin hospitalier et ma mère pharmacienne à l’hôpital, et que depuis petite j’entends parler du service public, de l’aide à nos concitoyens. Au collège puis au lycée, j’avais naturellement des facilités pour l’histoire, les langues, la philosophie et l’économie. J’ai toujours été fascinée par ce que l’Etat représentait, par les missions qu’il exerce, par une certaine idée de l’administration au service d’un pays. Être partie prenante du service public a toujours représenté quelque chose de noble à mes yeux.

    Et j’ai eu raison de suivre cette envie originelle ! Car, aujourd’hui, même après une journée fatigante ou frustrante je prends du recul et me dis que j’essaye d’améliorer les choses à mon niveau – ici, en vérifiant que les banques respectent leurs obligations et que l’argent des épargnants est bien protégé. Cela a du sens, je me sens utile, et je suis fière d’avoir rejoint une institution française.

     

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    Pauline Négrin, de passage dans la nouvelle tour de la BCE inaugurée récemment, à quelques pas du bureau de Christine Lagarde…

     

    Comment s’est passé le retour à IPESUP en prépa Banque de France ?

    Grâce à la prep’ENA de l’IEP d’Aix, je me suis sentie plus mature, plus opérationnelle en économie. En parallèle, je savais qu’IPESUP venait de mettre en place des modules spécifiques de préparation à la Banque de France avec des intervenants issus de cette institution. Cela m’a donc tout naturellement intéressée ! J’ai suivi la formation estivale proposée par IPESUP, qui comporte beaucoup d’entraînements ; j’avais déjà un bon niveau, et j’y ai trouvé un « effet coaching » important, avec des petits conseils en plus sur la personnalité du jury, ou encore les modalités des oraux.

     

    Comment s’est déroulé le concours ?

    Le concours de la Banque de France, pour sa partie écrite, arrivait assez tardivement par rapport aux autres concours, en septembre. Les attentes en termes de connaissances techniques en économie sont, je le crois, différentes des autres concours, sans doute plus spécialisées. Le concours en lui-même passe en un rien de temps, et cette impression est accentuée par les documents en anglais, par les automatismes acquis grâce à la préparation à Aix et à IPESUP, par l’alignement des candidats dans un hangar à Rungis. J’ai eu l’impression de faire un entrainement de plus le jour du concours, et d’ailleurs, j’étais tellement dans ma bulle que pendant l’écrit je ne me suis pas rendu compte que j’étais assise sur une chaise de jardin terriblement inconfortable avec un pied bancal !

    Quant à l’oral, le concours de la Banque est probablement celui qui s’est le mieux passé. J’ai eu des discussions, économiques notamment, très intéressantes avec le jury. Je crois avoir pu utiliser les bons mots au bon moment grâce au coaching d’IPESUP et aux connaissances économiques et juridiques acquises en prépa pour montrer que je n’étais pas là par hasard. Avec un peu de recul, il s’agit d’un véritable entretien d’embauche : ce que peu de personnes perçoivent, c’est que la Banque recherche un jeune professionnel qui sera aussi un collègue sympa à la pause-café ! Cela, on le sous-estime quand on est étudiant. Et le coaching a toute sa place sur ce genre d’aspect, car il permet de faire éclore des personnalités !

     

    J’imagine que tu as dû éprouver un sentiment d’aboutissement lorsque tu as commencé à toi-même enseigner à IPESUP auprès de préparationnaires visant la Banque. Qu’est-ce que cet enseignement t’apporte aujourd’hui ?

    Ces missions d’enseignement – à IPESUP comme à Aix – sont très importantes pour moi, car d’une certaine manière elles me permettent de rendre ce qu’on m’a donné. Elles sont aussi une très bonne opportunité de répéter aux étudiants de ne pas se censurer, de ne pas penser que les places sont réservées à Sciences Po Paris. Rien n’est écrit d’avance, et les IEP peuvent tous permettre d’accéder aux meilleurs concours !

     

    Raconte-nous tes débuts à la Banque

    J’ai connu le blues des études ! Ma première année a été exigeante et difficile, j’ai été immergée dans un monde professionnel que je ne connaissais pas bien car je n’avais eu que des stages relativement courts auparavant. J’ai notamment appris à rendre des comptes à un chef de service, à ne plus être maîtresse de mon temps et à devoir m’organiser dans mon travail au sein d’une équipe. Je faisais partie des plus jeunes de ma promotion de cadre de direction et j’ai dû apprendre tout simplement à travailler.

    Ma deuxième année a été différente : cela a avant tout été l’année de la montée en compétence, la découverte de sujets qui m’intéressent tels que la lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme ou encore la fraude fiscale. J’ai progressivement été associée à des travaux transversaux, des groupes de travail, parfois des publications. Par ailleurs je travaille sur d’autres thématiques plus financières, en partenariat avec la Banque centrale européenne (BCE) – j’ai d’ailleurs eu l’occasion d’y aller plusieurs fois dès ma deuxième année de poste – ce qui m’amène à travailler en anglais au sein d’équipes multinationales ; c’est particulièrement intéressant et stimulant ! La BCE qui n’était jusqu’ici qu’une parenthèse dans une copie d’économie est devenue l’une des institutions avec laquelle je travaille au quotidien.

    Enfin la 3e année a été celle de la montée en responsabilité et ce d’autant plus dans un contexte de crise économique et sanitaire. D’un point de vue plus personnel, cette gestion de crise a été dès le début 2020 et, est encore aujourd’hui, l’occasion de me voir confier davantage de responsabilités : je n’étais pas nécessairement en première ligne au plus fort de la crise, lors du premier confinement, où l’arrêt soudain de l’économie a beaucoup inquiété, notamment quant à la solidité financière des banques. Toutefois, ma hiérarchie m’a confié sans doute davantage la gestion des affaires courantes appelant ainsi à un sens de l’autonomie et des responsabilités.

     

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    L’euro, symbole de l’entrée historique de la Banque centrale européenne à Francfort

     

     

    Quel regard portes-tu sur la crise que nous traversons de là où tu es ? As-tu une dernière pensée à partager avec les lycéens et étudiants qui te lisent ?

    Etre au cœur d’une banque centrale en période de crise a été – est toujours – très formateur, et m’a fait percevoir différemment les problématiques économiques que j’avais pu étudier quelques années plus tôt : le rôle de la politique monétaire en cas de crise pour injecter des liquidités dans l’économie, la solvabilité des banques en cas de dégradation des conditions de financement, mais aussi le maintien de la circulation de la monnaie fiduciaire ou encore la prévention du surendettement des ménages et des entreprises grâce à l’action de la Banque de France sur l’ensemble du territoire. Le Gouverneur de la Banque de France a coutume de dire que la Banque a la tête en Europe et les pieds dans les territoires ; je trouve que la crise actuelle montre combien cette formule est à propos.

     

    Merci Pauline Négrin d’avoir accepté cet entretien !

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