DSCG Droit des sociétés : commentaire d’arrêt

Cass. com., 27 mai 2021, n° 19-18.983 (Droit des sociétés)

Dans le cadre de ses préparations au DSCGIpesup propose un commentaire des principaux arrêts en relation avec le programme de Droit en UE 1, par Stephen ALMASEANUvice-procureur chargé des affaires commerciales au tribunal de commerce de Paris et professeur à l’Ipesup.

Droit des sociétés : “Qualification distincte des apports d’un associé et des avances en compte-courant; conséquences”.

https://www.legifrance.gouv.fr

(Bull. Joly Sociétés, n° 07-08, juillet 2021, n° 200g6, p. 18, note J.-F. Barbièri)

 

Il est toujours bienvenu de lire les arrêts de la Cour de cassation dans lesquels cette dernière a l’occasion de rendre des décisions claires sur la nature du compte courant d’associé, et sur la dissociation qui en découle nécessairement entre l’associé en tant que tel d’un côté, et l’associé en tant que prêteur en compte courant de l’autre. En effet, la distinction n’est souvent pas aussi évidente pour les praticiens, ce qui conduit à de sérieuses déconvenues.

 

En l’espèce, un associé d’une SARL avait un compte courant créditeur au moment où en 2004, il cédait ses actions. En 2013, donc neuf années après avoir quitté la société en tant qu’associé, il demanda à la société le remboursement de son compte courant, ce qu’elle refusa en relevant la prescription : selon la société, le délai de prescription de l’action en remboursement du solde créditeur étant de cinq ans – il était auparavant de 10 ans, mais la loi n° 2008-561 du 17 juin 2008 portant réforme de la prescription a en effet ramené à cinq le délai de droit commun de l’article 2224 du Code civil comme celui des obligations commerciales de l’article L. 110-4 du Code de commerce – et ce délai ayant commencé à courir lors de la perte de la qualité d’associé de l’intéressé, en 2004 donc, date de vente de ses parts sociales.

 

La Cour d’appel d’Amiens, dans son arrêt du 28 mars 2019, rejeta cet argument, en donnant raison au titulaire du compte courant : son action n’était pas prescrite puisque c’est sa première demande de remboursement – en 2013, rappelons-le – qui a rendu les sommes exigibles, et absolument pas la perte de sa qualité d’associé, les deux qualités, associé et prêteur en compte courant, étant indépendante. Ici, l’ex-associé avait demandé son remboursement le 5 juin 2013 : il avait donc cinq ans à compter de cette date pour faire valoir ses droits en justice, ce qu’il avait finalement fait en saisissant un tribunal le 27 décembre 2016.

 

La Chambre commerciale rejette le pourvoi formé par la société, la Cour d’appel d’Amiens ayant parfaitement appliqué le droit existant en la matière :

 

« 4. Après avoir rappelé que le compte courant d’associé dont le solde est créditeur s’analyse en un prêt consenti par l’associé à la société et qu’en l’absence de terme spécifié, l’avance ainsi consentie constitue un prêt à durée indéterminée dont le remboursement peut être sollicité à tout moment, sauf stipulations contraires, l’arrêt énonce que les qualités d’associé et de prêteur de l’associé titulaire du compte sont indépendantes, de sorte qu’à défaut de clauses contractuelles contraires, la cession de ses titres par un associé n’emporte pas cession de son compte courant, faisant ressortir qu’elle n’emporte pas non plus sa clôture, l’associé cédant conservant sa qualité de créancier de la société. L’arrêt énonce ensuite que le délai de prescription de l’action en remboursement du solde créditeur du compte, passé de dix à cinq ans depuis l’entrée en vigueur de la loi du 17 juin 2008, ne court qu’à compter du jour où l’associé cédant en demande le remboursement, ce qui le rend exigible. De ces énonciations, la cour d’appel a déduit exactement que la cession de ses titres par [l’intéressé] n’avait pas eu d’incidence sur la possibilité, pour celui-ci, de solliciter le remboursement de son compte courant, que le délai de prescription de l’action en paiement de son solde n’avait couru qu’à compter du 5 juin 2013, date de la demande de remboursement de [l’intéressé], et que l’action, introduite par ce dernier le 27 décembre 2016, n’était ainsi pas prescrite ».

 

La logique est donc claire : les apports font de celui qui les effectue un associé, les avances en compte courant, elles, font de celui qui les effectue un prêteur, qualification distincte, même si elle peut concerner la même personne, qui a alors les deux qualités de façon indépendante. C’est la raison pour laquelle il ne faut absolument pas céder à la pratique des affaires qui parle « d’apports en compte courant » puisque cette expression mélange les deux situations juridiques… Du côté du compte courant, et donc du prêt, on applique le contrat alors conclu, notamment quant à sa durée et l’existence ou non d’intérêts, à la déductibilité fiscalement limitée, on le sait ; profitons de cette occasion pour rappeler l’assouplissement par la loi Pacte du 22 mai 2019 de la réglementation des comptes courants contenue dans l’article L. 312-2 du Code monétaire et financier – car les avances en compte courant sont des exceptions au monopole bancaire de réception des fonds remboursables au public –, le nouveau texte permettant qu’une avance soit consentie par un associé quel que soit le niveau de sa détention de capital de la société, l’expression « détenant au moins 5 % du capital » ayant été supprimée ainsi que la précision nouvelle donnée de la validité des avances en compte courant effectuées par les directeurs généraux, les directeurs généraux délégués et les présidents de sociétés par actions simplifiées.

 

C’est en raison de cette distinction juridique normalement claire que le professeur Barbièri, dans sa note au Joly Sociétés sous le présent arrêt, en profite pour rappeler son incompréhension de l’arrêt dans lequel la Cour de cassation a interdit à un associé, par ailleurs prêteur en compte courant, de se fonder sur l’article 1857 du Code civil pour obtenir le remboursement de son compte en exécution du contrat passé, par  un autre associé de la société civile emprunteuse au titre de l’obligation aux dettes de ce dernier, après de vaines et préalables poursuites contre la société. La Cour avait alors considéré que seuls les « tiers » pouvaient ainsi agir contre les associés au titre de l’obligation aux dettes sociales de ces derniers, et que l’associé prêteur en compte courant n’était à cet égard pas un tiers (Cass. com., 3 mai 2012, n° 11-14.844, Bull. Joly Sociétés, juillet 2022, p. 18, note crit. J.-F. Barbièri)…

 

Espérons que le présent arrêt, classique mais particulièrement clair, soit annonciateur d’un revirement par rapport à la décision beaucoup plus critiquable de 2012 !

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Bac 2022 : épreuves de spécialité reportées à mi-mai, stages d’Hiver adaptés en Terminale

Sur l’annonce rendue publique, ce vendredi 28 janvier, du report des épreuves de spécialité du Bac 2022.

 

Les épreuves de spécialité, fixées à mars, sont exceptionnellement déplacées au mois de mai (11-12-13/05) pour les bacheliers 2022.
Mais:
      1. le programme d’examen reste inchangé
      2. il n’excèdera pas l’ensemble des chapitres initialement prévus pour mars.

 

Ce changement de positionnement de l’examen final des enseignements de spécialité a, selon nous, quatre conséquences :

  1. Dressant le même constat que le Ministère de l’Education nationale quant au retard pris sur la maîtrise du programme de l’année, retard qui résulte des absences répétées d’élèves et de professeurs touchés par la Covid, nous adapterons le programme du stage d’Hiver pour permettre aux élèves de s’assurer de la maîtrise complète du programme prévu jusqu’à mars, tout en comblant les lacunes liées au contexte de la crise sanitaire.
  2. Il ne faut pas oublier que les élèves qui arrivent aujourd’hui en Terminale auront parcouru tout le lycée durant la crise sanitaire commencée par un confinement total en mars 2020. Durant ces trois années, la continuité pédagogique aura souvent été mise à mal et les programmes « modulés » (i.e. édulcorés) pour s’adapter à des examens passés en contrôle continu ou « aménagés » quand ils avaient lieu. Or, ce retard, ou cette maîtrise partielle des programmes, ne sera pas sans poser des difficultés au-delà du Baccalauréat, et ce, dans toutes les filières, sélectives ou pas.
  3. En raison du report des épreuves finales de spécialité à mai, les notes normalement obtenues lors des épreuves de mars seront remplacées dans Parcoursup par une moyenne calculée à partir des moyennes de Première et des deux premiers trimestres de Terminale. Une grande partie de la sélection postbac reposera de nouveau en 2022 sur la qualité du dossier et, donc, des notes de l’année. Il ne faut pas s’y tromper : le véritable enjeu, dès maintenant, sera d’augmenter les notes des prochaines semaines afin de déposer le meilleur dossier possible sur Parcoursup, à la clôture le 7 avril !
  4. Enfin, le report des épreuves constitue sans doute aussi pour les élèves l’opportunité d’anticiper dans des conditions plus sereines et avec suffisamment d’avance leurs examens de mai, et de viser ainsi une meilleure mention au Bac.

 

Pour la troisième année consécutive d’un Baccalauréat perturbé par la situation épidémique, le Groupe Ipesup se mobilise pour assurer à tous ses stagiaires une préparation d’excellence, avec le souci de leur pleine réussite tout au long de l’année et dans Parcoursup.



DSCG Droit des contrats : commentaire d’arrêt

Cass. com., 7 juillet 2021, n° 19-22.807 et 19-22.956 (Droit des contrats)

Dans le cadre de ses préparations au DSCGIpesup propose un commentaire des principaux arrêts en relation avec le programme de Droit en UE 1, par Stephen ALMASEANUvice-procureur chargé des affaires commerciales au tribunal de commerce de Paris, professeur à l’Ipesup.

 

https://www.legifrance.gouv.fr

Cet arrêt, qui n’innove guère, est toutefois extrêmement intéressant pour qui veut comprendre et réviser quelques principes fondamentaux du droit des contrats.

 

Dans cette affaire déjà passée devant la Cour de cassation (Cass. Com., 14 février 2018, n° 17-11.924) était en jeu un contrat de télésurveillance de service de sécurité ainsi qu’un contrat « multi-services » de maintenance ou de télé-maintenance. Une société, qui avait souscrit un tel contrat, fut tout de même cambriolée, sans que l’alarme ne fonctionne d’ailleurs. Elle fut alors indemnisée par son assureur qui, subrogé dans ses droits du fait du paiement, assigna la société fournisseur en responsabilité, en demandant que cette dernière soit condamnée à hauteur de 95 % des conséquences du vol et à des dommages-intérêts.

 

La Cour d’appel avait rejeté la demande de l’assureur. Pour cela, elle avait appliqué une clause présente dans le contrat d’installation et de maintenance du système d’alarme, clause qui subordonnait justement le succès de l’action en responsabilité contre l’installateur de l’alarme à la preuve de la faute de ce dernier en cas de dysfonctionnement (article 5.6 du contrat). Elle avait considéré que le non déclenchement de l’alarme en l’espèce ne prouvait pas, en soit, que l’alarme était défaillante.

 

Le demandeur à la cassation faisait valoir des arguments faisant appel à des notions que tous les étudiants en droit des contrats doivent connaître.

 

Il affirmait tout d’abord que l’installateur d’une alarme est toujours tenu d’une obligation de résultat, le rendant responsable de tout dysfonctionnement. Il n’y avait ainsi pas d’autre preuve à réclamer de l’assuré : le fait que l’alarme ne se soit pas déclenchée suffisait, sans qu’il y ait de faute à démontrer. Il ajoutait que la Cour d’appel avait eu tort d’appliquer la clause prévue à l’article 5.6 du contrat de télésurveillance, car cette clause, en faisant peser sur le client le risque d’un dysfonctionnement inexpliqué, déchargeait le fournisseur de son obligation essentielle, et devait donc être réputée non écrite.

 

On retrouve ainsi, dans cette riche argumentation :

 

1) la grande distinction entre obligation de moyens et obligation de résultat, introduite par le grand professeur René Demogue dans les années 1920. Il s’agit ici d’expliquer que, dans les contrats, selon leur nature même ou selon les prévisions des parties, la portée de l’engagement de ces dernières peut varier : parfois, elles s’engagent tout simplement à s’exécuter (par exemple à payer, ou à construire une maison, donc à un résultat) et parfois, parce qu’il est impossible ou difficile de garantir un tel résultat, à mettre en œuvre tous les moyens possibles pour y parvenir (c’est ainsi que la cour de cassation a choisi en 1936, dans l’arrêt Mercier, de faire porter au médecin, concernant les soins, une obligation de moyens [avec, toujours, un « s » à « obligation de moyens »] – soigner le patient conformément aux données acquises de la science – et non de résultat – le guérir ; il en est de même de l’avocat, et de beaucoup de professions libérales, conformément d’ailleurs aux prescriptions initiales de Demogue).

 

Concrètement, cette distinction a bien sûr des conséquences sur la responsabilité contractuelle : en cas d’obligation de résultat, le contractant est toujours responsable, sauf force majeure – par exemple dans le contrat de transport de personnes depuis 1911 –, alors qu’en cas d’obligation de moyens la victime du dommage devra prouver sa faute dans l’exécution du contrat. Il faut d’ailleurs voir les choses ainsi : la logique contractuelle est celle de l’exécution, donc de l’obligation de résultat, mais cette dernière est parfois impossible ou difficilement atteignable, ce qui explique les obligations de moyens.

 

2) la question lancinante du sort à donner aux clauses élusives ou réductrices de responsabilité. On le sait, la cour de cassation, à partir d’un arrêt aussi célèbre que discuté, l’arrêt de la chambre commerciale Chronopost du 22 octobre 1996, avait décidé, sur le fondement de la théorie de la cause (article 1131 du Code civil de l’époque), que les clauses qui contredisent l’obligation essentielle née d’un contrat doivent être réputées non écrites, car on ne peut pas promettre quelque chose à titre principal, et vider cette promesse de toute substance en stipulant dans le même temps son absence de responsabilité en cas de non-succès. L’idée semblant logique, au-delà de la technique juridique, le législateur a considéré que la règle devait survivre à la suppression de la cause lors de la réforme du droit des contrats opérée par l’ordonnance du 10 février 2016, et a, pour ce faire, ajouté l’article 1170 dans le Code civil, aux termes duquel « Toute clause qui prive de sa substance l’obligation essentielle du débiteur est réputée non écrite ».

 

La question posée par notre affaire démontre qu’il ne faut bien sûr pas confondre les deux questions. On peut la résumer ainsi : est-il possible, pour un contractant, d’aménager son obligation essentielle née du contrat en en faisant une obligation de moyens ? Ou alors, au contraire, une obligation essentielle ne peut-elle être qu’une obligation de résultat ?

 

La réponse de la Cour de cassation, qui valide l’application de la clause par la cour d’appel, est très claire :

« 14. L’arrêt retient encore que la clause litigieuse n’a pas pour effet de décharger par avance [le fournisseur] de sa responsabilité en cas de manquement à une obligation essentielle lui incombant et qu’en répartissant expressément le risque et la limitation de responsabilité qui en résulte, elle ne prive pas la société [cliente] de toute contrepartie. Il en déduit exactement que cette stipulation n’a pas pour effet de vider de toute substance l’obligation essentielle de bon fonctionnement de l’installation et que sa contrariété avec la portée de l’engagement [du fournisseur]n’est pas établie ».

 

En effet : rien n’interdit d’aménager, dans un contrat, son obligation essentielle comme une obligation de moyens, sauf à démontrer que cela vide cette obligation essentielle de toute substance au sens de l’article 1170 précité du Code civil (ainsi, pour ne prendre que cet exemple, le fait que l’obligation de l’avocat concernant le procès soit une obligation de moyens ne la vide nullement de sa substance : simplement, pour engager sa responsabilité, il faudra prouver une faute… comme ici).

 

C’est une évidence, mais dont le rappel est loin d’être inutile : une obligation essentielle peut être une simple obligation de moyens, sans être pour autant vidée de sa substance.

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Bonne copie 2021 : ESH HEC

Economie, Sociologie et Histoire du Monde Contemporain – L’inflation et systèmes monétaires

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Lire une très bonne copie contribue souvent à passer un cap et peut être plus parlant que de lire une énième méthodologie.

Retrouvez en téléchargement gratuit une dissertation de l’un de nos étudiants ayant obtenu la note de 19/20 à l’épreuve d’Economie, Sociologie et Histoire du Monde Contemporain en 2021 !

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  • Bonne copie 2021 : ESH ESCP
  • Ma vie en école – Willow*, en première année de programme général à Sciences Po Paris, campus de Paris

    Pour commencer, pouvez-vous vous présenter ?

    Bonjour. Je m’appelle Willow*. Avant d’entrer en cursus général à Sciences Po Paris, j’ai étudié dans un lycée dominicain avec pour spécialités Histoire-Géopolitique-Sciences politiques et Anglais. En parallèle, je suis très impliqué en politique.

     

    Avez-vous une expérience internationale particulière ? Etes-vous bilingue ?

    Je ne dirais pas bilingue mais j’ai bien passé le C1 de Cambridge l’été dernier en ayant fait toute la formation Ipesup durant les vacances scolaires. Je n’ai pas non plus d’expérience particulière à l’étranger mais de nombreuses heures d’anglais au lycée, en spécialité et en section Euro, ont réellement consolidé mon niveau.

     

    Comment s’est déroulée votre rentrée ?

    Plutôt bien ! Nous avons commencé la semaine de pré-rentrée avec plusieurs heures d’art oratoire, sans cours véritablement, pour nous encourager à faire de nouvelles rencontres. Avec les autres élèves, tout se passe également très bien. Nous avons même créé un vrai esprit de cohésion au sein de ma triplette. J’ai d’ailleurs déjà croisé pas mal de personnes dont je connaissais le visage depuis ma prépa à Ipesup… (Rires)

     

    Quelles sont vos implications en politique et les avez-vous reproduites au sein de la vie associative de Sciences Po ?

    D’abord, je tiens à dire que nombreuses sont les personnes qui pensent que, lorsqu’on veut entrer à Sciences Po, il faut être engagé en politique. Ce n’est absolument pas le cas : la grande majorité des admis ne l’ont même jamais été ! Me concernant, cela fait maintenant 2 ans que je fais partie des Républicains, et que je participe à plusieurs campagnes et m’occupe des Lycéens Républicains de ma région. En entrant à Sciences Po Paris, j’ai donc rejoint les Républicains Sciences Po, pour la continuité politique, … mais aussi le bureau du club d’œnologie « In Vino Veritas » pour ma passion des terroirs et des vins et mon envie de passer un bon moment toutes les semaines, comme cela a été le cas lorsque nous avons reçu la maison Ruinart. J’avais d’ailleurs mentionné ces deux associations lors de mes écrits personnels et de mon pitch !

     

    En évoquant les écrits personnels, que pensez-vous de la polémique autour de la réforme de la procédure d’admission ?

    Les « deuxième année » avec qui j’ai pu échanger à Sciences Po Paris se montrent parfois envieux du fait que les « première année » soient passés par cette procédure avec des écrits qui ne sont plus sous forme d’épreuves sur table. A titre personnel, je suis content d’avoir eu cette procédure, mais, d’un point de vue plus objectif, je pense que le concours était la solution la plus méritocratique. Une épreuve comme une dissertation d’histoire met tout le monde sur un pied d’égalité.

     

    En adoptant un regard rétrospectif, qu’est-ce que vous a apporté Ipesup à l’aune du nouveau concours Sciences Po ?

    La formation Ipesup concorde parfaitement avec cette nouvelle procédure d’admission. Ne serait-ce que revoir les écrits avec les professeurs au cours de deux corrections, c’est fondamental. Je m’étais amusé à regarder un peu l’évolution du premier brouillon que j’avais fait, je crois… en décembre, et la version finale d’avril : la progression est considérable ! Les formateurs nous guident, nous font réfléchir, ce qui pousse vraiment à se projeter aussi bien méthodologiquement que sur l’aspect créatif.

     

    Les apports étaient-il similaires dans le cadre de la préparation à l’oral ?

    Oui. Cette préparation permet surtout de mieux appréhender les questions qui peuvent être posées et de ne pas être déstabilisé par celles-ci. De même, il y a plusieurs attitudes à adopter qui nous ont été inculquées lors de la formation. Par exemple, les enseignants nous ont répété : « lorsque vous ne connaissez pas une réponse, n’hésitez pas à dire : ‘je ne sais pas’ », ce qui m’a servi jusqu’à mon oral d’Institutions Politiques à Sciences Po, qui met énormément en avant les présentations orales. Dans toutes les matières, nous avons une, voire deux, présentations à faire sur des sujets comprenant tout autant « l’organisation des pouvoirs publics au Royaume-Uni depuis vingt ans » qu’une courte revue de presse hebdomadaire en langues. On voit, finalement, qu’Ipesup aide bien au-delà du concours ! (Sourire)

     

    Comment s’est déroulé votre oral d’admission ?

    Pour les questions de la première partie d’oral, le jury est resté focalisé sur mon engagement politique, mes stages. Lorsqu’on a dix minutes sur son parcours, c’est toujours agréable, car on sait quoi répondre (Rires). Dans la deuxième partie, ils ont insisté sur la situation aux Etats-Unis, étant donné que je demandais en deuxième vœu le programme EURAM de Reims.

    Durant l’analyse d’image, j’ai eu le choix entre une œuvre de Kandinsky, qui ne m’inspirait pas grandement, et une photo des Forces de l’ordre sécurisant le Capitole en janvier 2021. Je crois que la facilité était quand même d’aller au Capitole (Rires). Les formateurs d’Ipesup nous avaient pourtant prévenus : « attendez-vous à avoir des œuvres d’art ». On avait une véritable préparation là-dessus. Je crois que sur les quatre oraux, il y en a deux où j’avais eu une œuvre d’art. Au vrai oral d’admission de Sciences Po, beaucoup des personnes avec qui j’ai discuté ont eu un tableau parmi les deux images proposées.

     

    Que redoutiez-vous en préparant le concours ?

    J’avais une vraie crainte de l’oral d’admission. Je me souviens que les jours précédents, j’étais constamment en train de regarder des vidéos de géopolitique. Finalement, il faut en connaitre les grandes lignes, mais ce n’est pas pénalisant si nous ne maîtrisons pas tous les détails du conflit israélo-palestinien, par exemple.

     

    Qu’en retirez-vous en tant qu’expérience ?

    Je pense qu’une fois que l’oral est passé, il ne faut pas se poser de questions. Nous avons souvent tendance à ressasser puisque les résultats ne sont communiqués qu’un mois plus tard. Que ce soit après ou même pendant l’oral, il ne faut pas interpréter ce que disent les membres du jury et simplement faire du mieux qu’on peut.

     

    Que ce soit pour la constitution du dossier ou la préparation à l’oral, pourquoi avoir choisi Ipesup ?

    Je m’étais renseigné sur plusieurs prépas. Plusieurs de mes professeurs m’avaient alors conseillé de faire Ipesup : ils m’ont expliqué que c’était une vraie préparation de qualité. D’ailleurs, on était je pense… au moins sept ou huit de mon lycée à être venus à Ipesup et nous sommes cinq à avoir été admis !

     

    Qu’est-ce qui vous a marqué durant votre formation ? Quel a été votre meilleur cours, professeur ou même intervenant ?

    J’ai toujours en mémoire la conférence d’un diplomate, qui a été le conseiller spécial de François Mitterrand à l’Elysée. Il nous a maintenu en haleine pendant deux heures et nous a donné quelques clés permettant de mieux comprendre la manière dont la diplomatie s’articulait entre les pays. C’était vraiment passionnant et utile pour l’oral !

     

    Recommanderiez-vous la préparation Sciences Po d’IPESUP ?

    Oui, d’abord grâce aux intervenants qui se déplacent : nous avons eu un diplomate, la plume du gouverneur de la Banque de France, un expert qui gère la dette du Liban et de la Turquie… Ils nous apportent des notions de politique, de diplomatie, d’économie.

    Ensuite, beaucoup d’élèves de Sciences Po dispensent de petites formations pour l’écriture des EP et pour l’oral. Enfin, le suivi est très régulier et personnalisé : lors de la correction des EP, je me souviens avoir eu un conseil par ligne, parfois simplement pour me rassurer et me motiver en écrivant « continue comme ça ».

    Enfin, les cours sur le « grand Syllabus » sont essentiels, car le jury de l’oral est dans une posture où, même si nous sommes au lycée, il nous faut connaitre tout le fonctionnement de Sciences Po. Personnellement, j’ai fait quatre stages sur cinq, pendant les vacances. J’ai regretté d’avoir manqué le stage d’été. C’est toujours un plus de le faire, parce que je me dis que si on m’avait posé à l’oral certaines questions sur l’organisation de l’école ou son histoire, je n’aurais pas bien su comment répondre.

     

    Quel conseil donneriez-vous à un ou une élève qui souhaiterait rejoindre Sciences Po ?

    Il faut une certaine appétence pour l’actualité, et puis parler avec honnêteté. Il ne faut pas se dire « je vais le faire faire par mon cousin qui est à Sciences Po », mais rester authentique, c’est ce que Sciences Po recherche, que ce soit pour les écrits ou pour l’oral.

     

    Auriez-vous un mot de la fin, quelque chose que vous aimeriez partager avec les lycéens et lycéennes qui découvriront votre portrait ?

    Je dirais de  « garder le cap » ! C’est toujours rassurant de l’entendre quelques mois avant l’oral. Si on a vraiment envie de faire Sciences Po, comme j’ai pu l’avoir dès le début de ma Seconde, il ne faut pas écouter ce qui se passe autour, ne pas se laisser démoraliser et puis se dire que tout le monde a sa place. Pendant ma préparation, je me sentais quelque peu intimidé face à d’autres élèves d’Ipesup qui possédaient des connaissances et une curiosité dans tous les domaines. Et pourtant, j’ai bien réussi mon oral d’admission et in fine j’ai été admis.

    * Le prénom a été modifié.

     

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    Êtes-vous fait pour le journalisme ?

    Les concours des écoles de journalisme testent vos aptitudes à devenir un journaliste professionnel. Sans aucune ambiguïté. Avant de vous lancer dans une préparation exigeante adaptée aux concours les plus sélectifs, livrez-vous à une petite introspection pour voir si vous « cochez toutes les cases » pour éviter une totale et rapide désillusion.

     

    Le sens des concours

    Avant de voir le détail des 14 concours ou procédures d’admission aux écoles de journalisme, il faut réfléchir à la signification des différentes épreuves et aux buts que poursuivent les écoles à travers elles.

    Les écoles veulent sélectionner les étudiants sur des compétences qui sont en adéquation avec l’exercice futur du métier de journaliste. Et elles veulent aussi vérifier le degré de motivation et d’implication des candidats. Il ne s’agit pas de recruter des étudiants qui pourraient abandonner le cursus en cours de route. Le dossier que les écoles exigent est de plus en plus détaillé, les épreuves écrites et l’oral sont en mesure de déterminer le niveau de convergence entre le candidat et les attentes de l’école.

    On peut mettre en valeur un certain nombre de qualités et compétences que les écoles recherchent et dont elles soulignent l’importance.

    Tout d’abord, des qualités personnelles :

    • La curiosité
    • La créativité
    • La capacité d’écoute et d’échange
    • La rigueur
    • L’écoute
    • La motivation pour le métier qui peut aller jusqu’à la passion. Un projet qui sous-tend cette motivation/passion.

    Ces qualités peuvent être testées ou vérifiées à l’écrit comme à l’oral.

     

    Mais les qualités professionnelles, les compétences, sont également fondamentales :

    • La maîtrise de la langue française (écrit, oral, syntaxe, grammaire)
    • Une capacité à s’exprimer en anglais
    • La connaissance des règles de la profession, en particulier la déontologie
    • Les qualités et capacités rédactionnelles (style, discours, thématique)
    • Une disposition à vulgariser, à rendre accessibles des sujets a priori complexes
    • La capacité a hiérarchisé l’information.
    • L’identification des sujets et des angles les plus pertinents
    • La connaissance et la compréhension du terrain
    • Une culture générale de l’actualité, c’est-à-dire un ensemble de connaissances sur tous les sujets que l’on peut activer pour décrypter un sujet dans un premier temps, comme pour une première approche, un premier jet.

    Il est aisé de comprendre que les épreuves proposées dans les différentes écoles sont destinées à vérifier le niveau de maîtrise de ces différentes compétences. Même si la codification systématique n’est pas nécessairement de mise dans tous les jurys des écoles. Même si toutes les écoles n’insistent pas nécessairement sur les mêmes points.

     

    Prérequis

    À partir de cette liste de compétences, pas nécessairement exhaustive mais plutôt complète, chaque candidat qui ambitionne d’entrer dans la carrière en passant par une école reconnue peut s’interroger sur sa capacité à répondre à de telles exigences.

    Sur les capacités personnelles, comment convaincre un jury ? Comment établir la preuve qu’on est curieux, rigoureux et créatif… ?

    Dans le dossier qui est de plus en plus élaboré depuis la crise de la Covid, on pose des questions qui concernent aussi les qualités personnelles dont chaque candidat est censé disposer. La démarche consiste souvent à affirmer que l’on possède ces qualités et à le prouver par des exemples concrets.

    Le premier prérequis est d’avoir déjà vécu un certain nombre d’événements, d’avoir mené un certain nombre d’actions, de ne pas rester immobile dans une pure contemplation. Les jurys veulent des candidats jeunes, en général de moins de 26 ans, mais ils se montrent de plus en plus soucieux de diversifier les profils et les origines. Les stages en journalisme correspondent à des activités qui conviennent à un jury d’école, mais l’engagement, en tant que tel, quel que soit le champ d’activité, la mise en situation dans le réel, sont appréciés au même titre que des qualités plus directement professionnelles.

    Le deuxième prérequis est de bien connaître le monde du journalisme. Là aussi, un stage dans un média est tout-à-fait indiqué. Et même plusieurs stages. Mais ce n’est pas suffisant pour être entièrement crédible. Il existe aussi une culture journalistique que même un jeune étudiant doit maîtriser. Le jury veut des étudiants qui ne sont pas monomaniaques. Des étudiants qui s’intéressent à différents médias, qui sont au courant des grands débats au cœur du monde de la presse écrite, de la télévision, de la radio. Chacun peut avoir déjà une spécialité, un média de préférence, ce qui est normal, mais il faut montrer au jury un intérêt pour l’ensemble des médias. On ne peut pas être simplement un lecteur passionné des Inrocks et mépriser le reste des magazines. Ni être systématiquement dans le jugement de valeur négatif sur des médias qu’on ne connaît pas du tout. Cette connaissance n’est pas d’ordre livresque, ni académique. Elle vient d’une fréquentation permanente, assidue, volontaire de tous les médias, y compris de la radio et de la télévision côté information.

    Et nous retrouvons ici un autre prérequis qui s’appelle la passion. La passion ou très forte motivation. Cette passion est aisément perceptible par le jury. Elle peut être présente dans le dossier, dans les oraux et d’une certaine façon, dans la motivation à chercher et à trouver des angles. La passion se traduit par l’envie d’aller plus au fond dans l’enquête, dans la recherche de sujets et d’angles. La passion, c’est aussi l’immersion permanente dans l’actualité, dans la lecture des journaux, dans la fréquentation de sites et des chaînes d’information, dans l’écoute des matinales radio. On ne peut réussir, ni durer dans ce métier sans une forte dose de passion.

    Et l’on peut ajouter la culture générale comme prérequis fondamental. La culture générale du candidat est celle du journaliste, c’est-à-dire que les attentes des jurys correspondent aux attentes que l’on peut avoir dans le monde professionnel. Cette culture implique une base académique évidente de connaissances en histoire, géographie, civilisations, arts, économie… Mais c’est aussi une culture que l’actualité entretient et développe. Ce n’est pas une culture de l’exhaustivité, c’est une culture large qui ne méprise aucun domaine, qui s’intéresse au sport comme aux faits divers, à la géopolitique comme à l’actualité des entreprises. Le jury veille à tester les candidats sur la capacité à être précis sur des événements récents, la capacité à hiérarchiser ces mêmes événements et à décrypter, sur-le-champ, le fait en tant que tel ou la chaîne à laquelle il est relié. La culture dite journalistique est parfois méprisée par les universitaires qui reprochent aux journalistes le côté superficiel de leurs connaissances et de leur approche du réel. Cette critique n’a pas de sens, car les deux approches de la culture n’ont pas la même finalité. Pour envisager de passer et de réussir les concours d’entrée des écoles, il faut allier la culture générale d’un bon élève du Supérieur à une connaissance précise des faits récents, une connaissance qui se déploie dans tous les domaines. Trop d’étudiants se font coller à l’écrit ou à l’oral parce qu’ils n’ont pas tenu compte des attentes pourtant clairement annoncées du jury à cet égard ou qu’ils ont cru que leur connaissance précise d’un domaine ou d’un sujet suffirait à convaincre.

    Dernier prérequis majeur : l’expression, c’est-à-dire le goût de l’expression, la facilité de l’expression, l’exactitude de l’expression. Un candidat n’est pas en mesure tous les éléments de l’écriture journalistique, tout cela s’apprend dans les écoles et au fur et à mesure de la carrière. Mais il y a comme des prédispositions. Un journaliste raconte une histoire, il fait un récit, il doit avoir une certaine facilité dans la narration. Son expression doit allier précision et concision. Respect de l’orthographe et de la syntaxe. Clarté du propos et mise en valeur des points essentiels. Bien sûr, il n’est jamais trop tard pour tenter de surmonter des faiblesses et de combler des lacunes, mais un candidat qui n’aurait aucun goût pour l’écriture, qui serait incapable d’écrire sans faire une faute d’orthographe par ligne, n’a sa place, ni au concours, ni dans une école, ni dans le sérail du journalisme. Les écoles testent la capacité d’expression des candidats dans de trop nombreuses épreuves pour que cela n’ait pas un sens, pour que ce ne soit pas une priorité de sélection et de formation.

     

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    La filière MP2I : genèse d’une nouvelle CPGE scientifique

    De la réforme du lycée à l’émergence de la filière MP2I en CPGE scientifiques

    La filière MP2I ou « MPII » (Mathématiques, Physique, Informatique et Ingénierie) a ouvert en classes préparatoires scientifiques à la rentrée de septembre 2021. Sa création s’inscrit dans la continuité de la réforme du baccalauréat qui, rappelons-le, a remplacé les filières par de nouveaux enseignements de spécialité au lycée.

    En même temps que le rapport Villani soulignait l’importance des enjeux de l’enseignement des mathématiques à l’école, et la nécessité de former les jeunes à l’intelligence artificielle (voir nos Stages certifiants d’initiation à l’intelligence artificielle), la réforme du baccalauréat entendait décloisonner l’enseignement scientifique en offrant aux élèves davantage de choix dans les thématiques étudiées, et en développant notamment l’enseignement de l’informatique.

    C’est ainsi que des connaissances d’informatiques ont été intégrées à l’enseignement de tronc commun (« enseignement scientifique »). Dans la continuité du lycée, le programme d’informatique des classes préparatoires s’est lui aussi largement étoffé, y compris en classes préparatoires commerciales. Les étudiants de prépa ECG, qu’ils suivent l’option mathématiques approfondies ou l’option mathématiques appliquées, disposeront ainsi d’un bagage solide en informatique, notamment en langage Python (en remplacement du Scilab) qui s’est imposé dans le traitement des données et le machine learning.

    En classes préparatoires scientifiques, l’informatique a toujours été une composante de la formation. Les langages Maple et Caml avaient cédé leur place au langage Python dès la réforme des programmes de 2013. Le programme d’informatique pour tous, commun à toutes les filières, permettait à chacun d’atteindre un bagage minimum commun. Toutefois, l’enseignement de l’informatique était parfois relégué au second plan. Les professeurs de mathématiques assuraient pour l’essentiel les cours d’informatique, le volume horaire restait modeste : il était juste de dire que les classes préparatoires scientifiques continuaient de faire la part belle aux disciplines principales que constituaient les mathématiques, la physique et la chimie. Seuls les étudiants des classes préparatoires MP option Info avaient un programme plus poussé – seulement à compter de la seconde année.

    Un débouché naturel pour les candidats ayant opté pour les E.S. Mathématiques et NSI en Terminale

    La réforme du lycée entendait redonner à l’informatique ses lettres de noblesses à travers la création d’un nouvel enseignement de spécialité (E.S.) : Numérique et Sciences Informatiques. Les étudiants optant pour les E.S. Mathématiques et NSI devaient trouver en classes préparatoires scientifiques un débouché naturel leur permettant de capitaliser sur les connaissances déjà acquises, et de se préparer à intégrer des cursus scientifiques spécifiques. Ce débouché trouva une traduction concrète dans la filière MP2I : Mathématiques, Physique, Informatique et Ingénierie

    Un enseignement tourné vers les mathématiques et l’informatique

    Volume horaire de l’enseignement en MP2I

    Certaines matières sont enseignées toute l’année, avec le même volume horaire. Il s’agit des maths, de la physique, du français et des langues. Le poids des mathématiques est notablement aussi élevé qu’en MPSI, et, parallèlement, le poids nul ou quasi nul de la chimie.

    Matières enseignées toute l’année :

    • Mathématiques : 12h
    • Physique : 6,5h
    • Français-Philosophie : 2h
    • LV1 : 2h
    • EPS : 2h
    • LV2 (facultative) : 2h

    Matières enseignées au premier semestre :

    • Informatique : 4h
    • Sciences industrielles : 2h

    Matières enseignées au second semestre, suivant le choix d’option retenu :

    • avec option Informatique
      • Informatique : 6h
    • avec option Sciences de l’ingénieur (réorientation MP/PSI) :
      • Informatique de MPSI/PCSI : 2h
      • Sciences industrielles : 4h
      • Chimie : 2h

    On le voit, la filière est relativement équilibrée au premier semestre. Elle permet à chacun d’approfondir l’informatique en lien avec les mathématiques, tout en conservant 6 heures et demie de physique et 2h de découverte des sciences industrielles. On note toutefois l’absence de chimie, ce qui interdit de passer de MP2I à PC en seconde année. Au deuxième semestre, les étudiants doivent faire un choix clair entre une poursuite en MPI (renforcement à 6h de l’informatique) ou une réorientation en MP ou en PSI avec un profil plus équilibré entre SI, Chimie et Informatique.

    La filière MP2I : bilan et perspectives

    Le premier enjeu de la création d’une nouvelle filière était l’ouverture de classes préparatoires dédiées maillant convenablement le territoire français au sein des grands lycées proposant des CPGE scientifiques.

    Environ 1000 places réparties dans 26 lycées

    A la rentrée 2021, 26 lycées ont ouvert une classe préparatoire MP2I, offrant ainsi aux candidats concernés un peu plus de 1000 places :

    Liste des lycées accueillant des classes préparatoires MP2I

    VILLEETABLISSEMENT
    AmiensLouis Thullier
    Baie-MahaultCharles Coeffin
    BesançonVictor Hugo
    BordeauxMontaigne
    DijonCarnot
    GrenobleChampollion
    LilleFaidherbe
    LimogesGay-Lussac
    LyonLe Parc
    LyonLes Lazaristes
    MarseilleThiers
    NantesClémenceau
    ParisFénelon Sainte-Marie
    ParisJanson de Sailly
    ParisLouis Le Grand
    ParisPaul Valéry
    ReimsFranklin Roosevelt
    Saint-EtienneClaude Fauriel
    StrasbourgKléber
    TourcoingColbert
    ToursDescartes
    ValbonneCIV
    ValenciennesHenri Wallon
    VersaillesHoche

    Le maillage du territoire aura ainsi permis à chacun de trouver une place dans cette filière encore peu connue mais appelée à prendre de l’importance dans les années à venir.

    Profil des étudiants admis en filière MP2I

    Pour intégrer une classe préparatoire MP2I, les professeurs recommandent d’avoir suivi la spécialité NSI en Première et en Terminale. Comme dans les autres prépas scientifiques, un enseignement en mathématiques est incontournable : l’enseignement de spécialité mathématiques est nécessaire, et il est vivement recommandé de le compléter par l’option Mathématiques expertes. C’est d’autant plus vrai en MP2I que pour d’autres filières, compte tenu du poids décisif des mathématiques dans l’enseignement.

    Il est à noter que l’enseignement de physique et de chimie de la nouvelle filière MP2I est spécifiquement prévu pour s’adapter aux étudiants qui n’auraient pas suivi la spécialité Physique-Chimie en Terminale. C’est au fond assez logique, puisque la filière entend recruter des élèves ayant opté pour NSI, une discipline qui se marie mieux avec les mathématiques qu’avec la physique-chimie.

    Les lycéens ayant suivi d’autres parcours pourront être accueillis de manière plus exceptionnelle, s’ils ont une réelle motivation pour le numérique et le niveau nécessaire, moyennant un dispositif d’accompagnement au début de l’année.

     

    La filière MPI à partir de 2022 : quelles perspectives ?

    Un choix pour les étudiants de MP2I en fonction de l’option choisie

    Les préparationnaires actuellement en MP2I auront trois choix en seconde année (voir également le paragraphe sur le volume horaire correspondant)

    • Ils rejoindront, au choix, la filière PSI/PSI* ou la filière MP/MP* (option SI) s’ils ont opté pour l’option Sciences industrielles à partir du deuxième semestre de la MP2I
    • Ils intégreront la nouvelle filière MPI (Mathématiques, Physique, Informatique) s’ils ont choisi l’option Informatique. Ils auront déjà suivi 6h de cours d’informatique par semaine en première année MP2I (contre 4h avant le choix de l’option)

    Il est notable que tous les lycées ouvrant une classe MP2I prévoient d’accueillir des classes de 2ème année MPI à compter de septembre 2022.

    Un nombre de places aux concours à préciser, mais a priori favorable

    Qu’en est-il des places dévolues aux étudiants de MPI aux concours, et en particulier aux grands concours scientifiques ?

    Comme le souligne un professeur, il est encore un peu tôt pour que les écoles se positionnent puisque les effectifs de la filière MPI restent inconnus. D’autres paramètres souvent aussi être pris en compte dans le recrutement des écoles entre les différentes voies d’admission. Par exemple, la réforme du lycée a renforcé la prédominance des garçons dans les doublettes d’enseignement de spécialité scientifique, alors que la filière S s’avérait plus mixte. Le passage du DUT en 3 ans, cette fois pour les admissions parallèles, a également un impact.

    Ce n’est donc qu’au troisième trimestre 2022 que les écoles devraient publier le nombre de places aux concours. Cela étant dit, certaines écoles ont d’ores et déjà annoncé qu’ils feraient de la place aux élèves de ces filières. On s’attend à une situation favorable voire très favorable aux élèves de MPI, comme l’illustrent les prises de positions des Grandes Ecoles d’Ingénieur. Trois exemples :

    • Les ENS Paris Saclay ont ainsi réaffirmé leur volonté de « faire une place à part entière aux étudiants issus de cette nouvelle filière MPI, tant dans leurs recrutements de normaliens-étudiants qu’au sein de leurs concours info ».
    • Le concours Centrale Supélec a fait part de son intention d’ouvrir un concours dédié à la filière MPI dans un communiqué de presse du 2 décembre 2021. Les écoles du concours Centrale précisent que le nombre de places pour les étudiants de cette filière sera fixé « de façon à offrir le même ratio de places par élève de CPGE dans la filière MPI et dans la filière MP« .
    • L’institut polytechnique de Paris va plus loin et garantit (sous des conditions d’ouvertures de classes qui semblent désormais remplies) au moins 6 % de ses places réservées aux MPI dès le concours 2023. Il est intéressant de noter la montée en puissance de ce quota, avec une trajectoire de croissance : 8 % en 2024, 10 % en 2025.

     

    Conclusion : une voie d’avenir

    Au total, les élèves de la filière MP2I / MPI auront toutes les places nécessaires à leur réussite dans leurs études supérieures. On ne peut que s’en réjouir. Les écoles d’ingénieurs semblent avoir embrassé pleinement la réforme du baccalauréat, et préparent dès à présent de nouveaux cursus adaptés à ces étudiants.



  • La filière MP2I : bilan et perspectives