Épisode 1, les fondamentaux d’Ipesup : L’esprit Ipesup
Découvrez ici, l’esprit Ipesup, décrit par Christophe CERVELLON, professeur de Philosophie depuis de nombreuses années à Ipesup, Normalien et Agrégé de Philosophie.
Rien de plus facile que de définir l’esprit d’Ipesup en trois ou quatre mots.
Premièrement, l’adrénaline… Ipesup, c’est l’énergie de concours à passer, qui inspirent, mieux : qui aspirent littéralement comme un appel d’air, élèves et professeurs. Dès qu’on met les pieds dans l’établissement, et qu’on entre dans une classe, on ressent au plus profond de soi-même cette énergie positive qui porte chacun vers l’avant. On sent, physiquement, que l’effort et donc la réussite donnent partout le ton.
C’est en effet comme une mélodie constante : « tu peux y arriver », « tu dois y arriver », et si aujourd’hui tu es fatigué, le lieu, le moment, l’institution Ipesup te donneront les forces qui provisoirement te manquent. Ipesup, c’est d’abord garder de la « pause-café », la caféine… C’est une motivation constante, toujours relancée par les autres élèves, par les professeurs, par l’organisation même des cours et la disposition des locaux.
Il ne s’agit pas de cultiver la compétition entre les élèves, comme on le croit sottement. Une telle compétition nuit en effet à tout le monde, car c’est toujours un groupe, une classe, une promotion qui réussit en permettant à chacun de relever ses défis propres. Mais à Ipesup, l’ambiance de travail, une forme de « zèle », s’installe d’elle-même, car les concours sont déjà palpables, pour ainsi dire à portée de main et sans que cela induise pourtant d’angoisse inutile.
Il y avait avant-guerre dans les classes de Lettres de Louis-Le-Grand des devises latines qui appelaient chacun à être « strenuus », « diligent ». La leçon n’a pas à être écrite ou gravée ici sur les murs, elle est bien intériorisée par tous les enseignants qui la communiquent, par l’exemple, aux élèves. En ce sens, Ipesup, quoique établissement privé, s’inscrit dans le plus vieux souci de l’excellence scolaire à la française.
Ensuite, la sérénité. La pression sans l’oppression, car les professeurs d’Ipesup sont particulièrement attentifs au bien-être moral des élèves. La jeunesse est un moment souvent heureux, mais souvent aussi difficile, où les questions existentielles se mêlent aux premières expériences parfois déconcertantes, voire décevantes, de la vie.
Ce ne sont pas des élèves qui réussissent les concours, mais de jeunes garçons et de jeunes filles, avec des forces neuves bien sûr qui ne demandent qu’à se déployer, mais qui sont aussi souvent très sensibles. L’adrénaline ne va pas sans une forme de tranquillité, et même de sécurité, celle qu’apportent des formations exigeantes, où l’on sait ce que l’on a à faire (ce qui élimine bien des soucis de la vie d’un jeune adulte…) et où l’on sait de surcroît que, en le faisant, on ne peut manquer de réussir non seulement son année, mais peut-être sa vie.
Combien d’anciens élèves regrettent ces années de travail acharné, où tout avait du sens, où l’on savait à quoi penser et à quoi ne pas penser, où le seul souci de l’existence était de donner le meilleur de soi car il y avait à la fin une récompense justement conquise… Il est rare de sentir que le travail mérite salaire, que l’effort sera payé avec équité, et Ipesup donne à chaque élève l’occasion de profiter pendant quelques années de ce « confort ».
Rien ne se perd dans le travail de la prépa, tout se transforme toujours en succès, maintenant, ou demain, ou après-demain…
S’il y a une chose qui soit malgré tout sûre dans ce monde où le réel est parfois désagréable, c’est que l’effort que nous faisons sur nous-mêmes ne restera pas sans fruits, sera remarqué parce qu’il est remarquable, et que s’il vaut mieux mériter qu’obtenir, comme le disait avec quelque ironie grinçante Choderlos de Laclos, c’est que mériter, c’est déjà obtenir de soi ce que nous sommes en droit d’attendre des autres : la reconnaissance toute simple de notre valeur.
Troisièmement, l’exigence intellectuelle, bien sûr. Car il ne s’agit pas seulement, même si c’est évidemment la priorité, de réussite scolaire ou professionnelle future, mais de former avec bonheur des esprits lucides, cultivés, critiques. Comme l’écrit Nietzsche dans Les Considérations inactuelles, la culture ne se mesure pas à la quantité de connaissances acquises (inutile de rivaliser avec Wikipedia, nous perdrions !), mais à la capacité de donner une forme, un style propre, à l’existence, de conquérir une manière un peu plus éveillée d’être au monde. Ou comme l’explique encore le philosophe Michel Henry, « Toute culture est une culture de la vie (…) C’est une action que la vie exerce sur elle-même, et par laquelle elle se transforme elle-même… « Culture » ne désigne rien d’autre. « Culture » désigne l’auto-transformation de la vie, le mouvement par lequel elle ne cesse de se modifier soi-même afin de parvenir à des formes de réalisations et d’accomplissement plus hautes, afin de s’accroître » (La Barbarie).
La formation donnée par Ipesup, quelles que soient les disciplines, est ultimement finalisée par le souci d’augmenter chez l’élève la puissance qu’il a déjà de de penser, mais de manière plus « nette » ou plus « géométrique », et sa puissance de sentir plus vivement, plus subtilement les choses, depuis les finesses d’une langue jusqu’aux singularités d’une crise économique ou géopolitique. L’adrénaline et la tranquillité d’âme doivent permettre de s’approprier des contenus et des méthodes qui vont bien au-delà de la simple réussite académique.
Les enseignants d’Ipesup sont eux-mêmes issus des grandes écoles et/ou y enseignent, ces grandes écoles où, dit-on méchamment, on entre un jour pour n’en sortir jamais, non pas (comme le croient certains…) par vanité (la faiblesse humaine aime sans doute à rappeler ses états de service…) mais parce que ces écoles ont formé le meilleur de leur intelligence et que ces enseignants aiment naturellement transmettre ce qu’ils ont reçu. En un mot, la formation d’Ipesup, par l’origine de ses professeurs, s’inscrit dans une vieille tradition d’excellence et de méritocratie, qui oblige chacun.
Le temps, enfin et surtout. Ni l’adrénaline, ni la sérénité, ni l’exigence intellectuelle n’aurait le moindre sens si n’existait pas à Ipesup le souci extrême du temps. Temps accordé aux exercices à faire et à refaire, temps consacré aux élèves, respect du tempo naturel de l’acquisition des connaissances et du repos nécessaire à cette acquisition, accélération quand les concours approchent et qu’il s’agit de « foncer » …
A Ipesup, tout est question de temps : le temps qu’il faut pour apprendre, le temps de la convivialité, le temps d’échanger avec les enseignants, le temps si précieux des cours en petits effectifs, voire en tout petits effectifs, avec la multiplication des « khôlles » entre midi et 14h ou après les cours de l’après-midi, le temps passé enfin à étudier, le soir, jusque tard dans les locaux…
Le temps, c’est la forme même de l’expérience éducative et humaine, et le temps « consacré » porte si bien son nom : il est en quelque sorte « sacré » par la manière intelligente de l’employer… Et le temps « tempère » : il y. a des moments pour l’excitation, il y a des moments pour consolider les connaissances, il y a des moments pour aller plus loin, il y a des moments pour travailler en groupe et d’autres moments où « polarder » seul…
A Ipesup, tout est question de temps, pour ajuster le rythme singulier de l’élève au rythme, naturellement contraint, des concours. C’est ce qui donne cette ambiance si singulière, faite d’adrénaline, de sérénité, d’exigence.