Commentaire corrigé – Littérature d’idées : Diderot, Encyclopédie, t. II, article « Capuchon »

Préparez-vous à l’épreuve écrite du Bac de français en examinant attentivement ce commentaire sur le genre de la littérature d’idées du texte de : Diderot, Encyclopédie, t. II, article « Capuchon »

À l’approche de l’épreuve écrite du Bac de français, il est essentiel de se familiariser avec les différentes formes littéraires, notamment le genre de la littérature d’idées. Dans cette optique, l’analyse du texte de Diderot extrait de l’Encyclopédie, intitulé « Capuchon », se révèle être un exercice stimulant et instructif.

En effet, cet article offre bien plus qu’une simple description du vêtement religieux ; il constitue une porte d’entrée privilégiée vers les débats philosophiques et les enjeux intellectuels de son époque. Ainsi, en examinant attentivement ce texte, nous pourrons non seulement saisir la manière dont Diderot aborde les questions de tradition, de rationalité et de critique, mais également explorer la pertinence de ses réflexions pour notre propre époque. Dans cette introduction, nous nous proposons de plonger dans l’univers foisonnant de l’Encyclopédie pour en extraire les trésors de pensée et de réflexion contenus dans l’article « Capuchon ».

 

Texte étudié :

[CAPUCHON, s. m[1]. (Hist. ecclés[2].) espèce de vêtement à l’usage des Bernardins, des Bénédictins[3], etc. Il y a deux sortes de capuchons ; l’un blanc, fort ample, que l’on porte dans les occasions de cérémonie : l’autre noir, qui est une partie de l’habit ordinaire.

Le P. Mabillon[4] prétend que le capuchon était dans son origine, la même chose que le scapulaire. Mais l’auteur de l’Apologie pour l’empereur Henri IV[5] distingue deux espèces de capuchon ; l’une était une robe qui descendait de la tête jusqu’aux pieds, qui avait des manches, et dont on se couvrait dans les jours et les occasions remarquables ; l’autre, une sorte de camail[6] pour les autres jours : c’est ce dernier qu’on appelait proprement scapulaire, parce qu’il n’enveloppait que la tête et les épaules.

Capuchon, se dit plus communément d’une pièce d’étoffe grossière, taillée et cousue en cône, ou arrondie par le bout, dont les Capucins, les Récollets, les Cordeliers[7], et d’autres religieux mendiants[8], se couvrent la tête. Le capuchon fut autrefois l’occasion d’une grande guerre entre les Cordeliers. L’ordre fut divisé en deux factions, les frères spirituels, et les frères de communauté. Les uns voulaient le capuchon étroit, les autres le voulaient large. La dispute dura plus d’un siècle avec beaucoup de chaleur et d’animosité, et fut à peine terminée par les bulles de quatre papes, Nicolas IV, Clément V, Jean XXII, et Benoît XII. Les religieux de cet ordre ne se rappellent à présent cette contestation qu’avec le dernier mépris.

Cependant si quelqu’un s’avisait aujourd’hui de traiter le scotisme[9] comme il le mérite, quoique les futilités du docteur subtil soient un objet moins important encore que la forme du coqueluchon[10] de ses disciples, je ne doute point que l’agresseur n’eût une querelle fort vive à soutenir, et qu’il ne s’attirât bien des injures.

Mais un Cordelier qui aurait du bon sens ne pourrait-il pas dire aux autres avec raison : « Il me semble, mes pères, que nous faisons trop de bruit pour rien : les injures qui nous échapperont ne rendront pas meilleur l’ergotisme de Scot. Si nous attendions que la saine philosophie, dont les lumières se répandent partout, eût pénétré un peu plus avant dans nos cloîtres, peut-être trouverions-nous alors les rêveries de notre docteur aussi ridicules que l’entêtement de nos prédécesseurs sur la mesure de notre capuchon ». Voyez les articles « Cordeliers » et « Scotisme ».]

[1] Abréviation de « substantif masculin ».
[2] Abréviation de « Histoire ecclésiastique ».
[3] Ordres religieux.
[4] Le Père Jean Mabillon, célèbre érudit du XVIIe siècle.
[5] Empereur germanique du XIe siècle.
[6] Vêtement court que les ecclésiastiques portaient sur les épaules.
[7] Ordres religieux.
[8] Un ordre mendiant est un ordre religieux qui dépend de la charité publique.
[9] Doctrine de Duns Scot, théologien écossais surnommé le « docteur subtil », qui affirme la priorité de la foi sur la raison.
[10] Forme ancienne du mot « capuchon ».

 

Commentaire intégralement rédigé

 

 

 

Au XVIIIe siècle, en France, d’importants débats commencent à émerger sur les questions religieuses et leur place dans la société, le plus souvent de manière discrète du fait des risques de censure. 

Philosophe des Lumières, Diderot fait partie des principaux animateurs de ce débat. Auteur de nombreuses œuvres, notamment des dialogues philosophiques, il est également l’initiateur, avec le mathématicien D’Alembert, de la vaste entreprise de l’Encyclopédie, qui vise à constituer une somme de tous les savoirs humains. Dix-sept volumes en seront publiés à partir de 1751.

L’article « capuchon » est justement issu de l’Encyclopédie : à partir d’une description de ce vêtement, il aborde également la question religieuse. 

En quoi Diderot joue-t-il ici avec les codes de l’article de dictionnaire pour proposer une critique implicite du dogmatisme religieux ?

Nous verrons tout d’abord que cet article reprend les codes d’un l’article de dictionnaire précis et détaillé. Nous verrons ensuite que Diderot a ici recours aux procédés de l’argumentation implicite pour exprimer certaines idées. Enfin, nous verrons en quoi cet article constitue une critique féroce du dogmatisme religieux.

Introduction

Les différentes parties de l’introduction :

1. Une amorce ou phrase d’accroche

2. Une présentation de l’auteur et de l’œuvre étudiée

3.  Une présentation du texte

4. La problématique

5. L’annonce du plan

 

 

 

Tout d’abord, nous allons voir que Diderot reprend ici les codes de l’article de dictionnaire, en présentant un texte précis et détaillée.  

Cet article présente ainsi les principaux éléments de paratexte[1] que l’on retrouve généralement dans un article de dictionnaire.  

Ainsi l’article comporte un titre, « Capuchon », qui annonce le terme qui va être défini et expliqué dans la suite de l’article. Il est suivi de deux abréviations caractéristiques d’un article de dictionnaire, « s. m. », pour « substantif masculin », qui explique la nature et le genre du mot, et « Hist. ecclés. », pour « Histoire ecclésiastique », qui rattache le terme à une thématique plus générale. Enfin, il est précisé à la fin de l’article « Voyez les articles ‘Cordeliers’ et ‘Scotisme’ », renvoyant ainsi à deux autres entrées du dictionnaire qui ont un lien avec celle-ci.

 

Il s’agit en outre d’un article très détaillé et précis. 

Le terme « capuchon » reçoit en effet plusieurs définitions et explications. Il est d’abord défini comme « une espèce de vêtement à l’usage des Bernardins, Bénédictins », puis l’auteur précise les « deux sortes de capuchons » qui existent. L’auteur précise également les différents sens de ce terme : il indique en effet que « capuchon » « se dit plus communément d’une pièce d’étoffe grossière », et donne toutes sortes de précisions sur celle-ci.

 

L’auteur de l’article a enfin recours à un type d’argument très souvent utilisé dans ce type d’article visant à une certaine scientificité, à savoir une forme particulière de l’argument d’autorité qui consiste à citer une source aux éléments que l’on donne.  

Il cite en effet le « P. Mabillon », un célèbre érudit du XVIIe siècle, « auteur de l’Apologie pour l’empereur Henri IV », et résume les explications que celui-ci a pu donner sur ce qu’est un capuchon.

Première Partie

 

I. Présentation de l’idée principale de la partie

A. Présentation de l’idée qui constitue la première sous-partie.

       Exemple tiré d’un extrait

 

 

 

 

B. Présentation de l’idée qui constitue la deuxième sous-partie.

       Exemple(s) illustrant l’argument

 

 

 

C. Présentation de l’idée qui constitue la troisième sous-partie.

       Exemple(s) illustrant l’argument

L’article se présente donc en apparence comme un article de dictionnaire tout à fait traditionnel, présentant tous les codes attendus de celui-ci. La transition
 

 

 

Cependant, nous allons voir que Diderot a recours à différents procédés de distanciation pour proposer une argumentation implicite.

                  Tout d’abord, on remarque que l’auteur quitte le plan de l’argumentation directe pour avoir recours à un récit, une anecdote historique, celle du conflit qui a divisé les Cordeliers à propos du « capuchon ». 

En effet, l’auteur évoque un événement qui s’est déroulé dans le passé, « autrefois », et emploie pour cela les temps du récit, passé simple (« dura », « fut ») et imparfait (« voulait »). Il cite en outre plusieurs personnages historiques, et notamment quatre papes, le conflit se déroulant sur « plus d’un siècle ».

 

 

Ce récit du conflit des Cordeliers, présenté apparemment de façon très factuelle, est cependant ponctué d’éléments surprenants qui suggèrent l’emploi d’une distanciation de l’auteur par rapport à ses propos, preuve d’un recours ici à l’ironie. 

En effet, le conflit entre les Cordeliers nous est décrit avec l’emploi d’un vocabulaire guerrier qui semble hyperbolique : il y est question d’une « grande guerre » opposant deux « factions ». Or, le motif de cette « dispute » semble bien trop dérisoire pour l’emploi d’un tel vocabulaire, puisqu’il concerne seulement la taille du capuchon, ce que l’auteur souligne par un parallélisme : « Les uns voulaient le capuchon étroit, les autres le voulaient large ».

 

 

Enfin, l’auteur a recours à plusieurs voix dans son article, qui permettent également de mettre à distance le propos tenu et de créer des décalages. 

Si le style employé dans le début de l’article est objectif, avec l’usage de la troisième personne du singulier, la fin de l’article fait intervenir le « je » de l’auteur, ainsi qu’un Cordelier fictif qui parle à la première personne, au discours direct, dans une forme de prosopopée. De plus, ces voix sont le plus souvent elles-mêmes introduites sur un mode hypothétique, employant souvent le conditionnel : le « je » apparaît dans une proposition subordonnée hypothétique introduite par « si », tandis que le discours du Cordelier est introduit par une question rhétorique : « un Cordelier (…) ne pourrait-il pas dire aux autres avec raison : ».

Deuxième Partie

 

 

II. Présentation de l’idée principale de la partie

A. Présentation de l’idée qui constitue la première sous-partie.

       Exemple(s) illustrant l’argument

 

 

 

 

B. Présentation de l’idée qui constitue la deuxième sous-partie.

       Exemple(s) illustrant l’argument

 

 

 

 

 

C. Présentation de l’idée qui constitue la troisième sous-partie.

       Exemple(s) illustrant l’argument

 

 

 

 

On voit ainsi que sous couvert d’un article de dictionnaire, l’auteur met en réalité en place un dispositif argumentatif indirect et implicite. Ces procédés sont de plus mis au service d’une critique féroce du dogmatisme religieux.La transition
 

 

Tout d’abord, le raisonnement des religieux est présenté à plusieurs reprises comme illogique dans ce texte. 

Ainsi l’auteur présente-t-il l’avis des Cordeliers sur cet épisode comme négatif, puisqu’ils se le rappellent « avec le dernier mépris ». De même, le Cordelier qui prend la parole à la fin du texte le juge « ridicule ». Pourtant, l’auteur suggère ensuite que les mêmes Cordeliers n’ont pas fondamentalement changé de comportement, puisqu’ils seraient prêts à s’engager également dans de grandes « querelles » et « injures » à propos du scotisme. Cette contradiction dans le comportement des Cordeliers, signe d’une forme de dogmatisme, est soulignée notamment par le mot de liaison « cependant ».

 

 

Le Scotisme d’ailleurs, cette doctrine religieuse de Duns Scot qui place la foi avant la raison, est attaqué à plusieurs reprises dans l’article, notamment par l’emploi d’un vocabulaire dépréciatif

Il y est question ainsi de traiter le scotisme « comme il le mérite », forme d’euphémisme ne laissant toutefois pas de doute sur l’avis négatif de l’auteur. D’autant que ce dernier évoque à la phrase suivante les « futilités du docteur subtil », allitération dépréciative faisant intervenir le surnom de Duns Scot. La périphrase du « docteur subtil » y devient d’ailleurs, du fait du contexte dépréciatif, une forme d’antiphrase.

 

Enfin, le Cordelier prend dans son discours la position qui serait celle d’un philosophe des Lumières, devenant ainsi ironiquement le porte-parole de Diderot.

Le Cordelier tient en effet un propos qui ne peut qu’étonner de la part d’un religieux, puisqu’il y évoque les « lumières » de la « saine philosophie », dont il souhaite qu’elles pénètrent « dans nos cloitres ». L’ironie consiste donc ici à faire tenir par un religieux un discours profondément opposé au dogmatisme religieux et favorables aux Lumières. Cette position du Cordelier est d’ailleurs préparée par la modalité hypothétique de son discours, puisqu’il est question d’un Cordelier « qui aurait du bon sens » : manière également de suggérer que la plupart des Cordeliers n’en ont pas.

Troisième Partie

III. Présentation de l’idée principale de la partie

 A. Présentation de l’idée qui constitue la première sous-partie.

       Exemple(s) illustrant l’argument

 

 

 

 

 

B. Présentation de l’idée qui constitue la deuxième sous-partie.

       Exemple(s) illustrant l’argument

 

 

 

 

C. Présentation de l’idée qui constitue la troisième sous-partie.

       Exemple(s) illustrant l’argument

 

 

 

Ainsi, Diderot parvient dans cet article à subvertir les codes de l’article de dictionnaire pour présenter une critique du dogmatisme religieux.

L’auteur décrit cet objet avec beaucoup de précision, notamment en début d’article. Cependant, la suite du récit fait apparaître différents procédés de distanciation qui montrent qu’une argumentation indirecte et implicite se met en place, usant d’une anecdote historique et d’une multiplicité de voix. 

Finalement Diderot se situe bien en cela dans la lignée des philosophes des Lumières qui, dans un contexte de censure mais aussi pour faire montre d’une certaine virtuosité stylistique et argumentative, utilisent pleinement les ressources de l’ironie pour exprimer leurs idées. C’est le cas également chez Voltaire, qui a pour sa part eu souvent recours au conte philosophique, comme Candide ou L’ingénu

Conclusion

Les différentes parties de la Conclusion :

1.   Réponse à la problématique

2.   Synthèse

3.  Ouverture

 

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