Entretien avec Dominique*, élève en première année au Collège universitaire de Sciences Po sur le campus de Dijon

Pour commencer, pouvez-vous vous présenter ?

Je m’appelle Dominique*, je suis en première année au Collège universitaire de Sciences Po sur le campus européen de Dijon, focalisé sur l’Europe centrale et orientale. Parallèlement, je suis une licence de droit à distance au sein de l’université Panthéon-Assas, également en première année.

En ce qui concerne mon parcours, je viens d’une famille multiculturelle, à savoir française, russe et grecque et j’ai effectué mon cursus scolaire dans une école internationale à côté de Paris. Cet aspect a forgé en moi une réelle appétence pour les langues : je parle couramment mes trois langues maternelles auxquelles s’ajoutent l’anglais et l’espagnol, et j’ai aussi essayé d’apprendre le néerlandais (Rires). Concernant mes centres d’intérêt autres que les langues, il y a la diplomatie, un domaine qui m’intéresse beaucoup. J’ai notamment pu faire un certain nombre de stages dans des ambassades, au Parlement européen et je pense que c’est vraiment la conjugaison entre l’appétence pour la diplomatie et pour les langues, tout en ayant un profil international, qui m’a donné l’envie de postuler à Sciences Po, école qui propose une ouverture sur un grand nombre de matières et de zones géographiques.

 

Cette dimension internationale a-t-elle motivé le choix du programme européen Europe centrale et orientale de Dijon ?

J’ai choisi le campus de Dijon parce que les stages que j’avais effectués étaient à l’ambassade de France à Moscou et parce que je parle russe et que je viens d’une famille en partie russe. J’avais donc plus de facilité à justifier ce choix-là et peut-être à me démarquer des autres candidats. J’avais aussi demandé Paris.

 

Selon vous, votre quadrilinguisme a-t-il été un facteur décisif pour votre admissibilité puis admission à Sciences Po ?

Honnêtement, je pense que oui, mais peut-être parce que j’ai mis l’accent dessus. J’ai vraiment axé ma candidature autour du dénominateur commun des langues. A chaque oral, j’ai commencé par évoquer les langues et l’aspect international, ce qui fait que, que ce soit durant les oraux blancs ou à l’oral d’admission, on m’a beaucoup questionné sur le sujet, jusqu’à me poser des questions étymologiques pour vérifier l’authenticité de mes propos et pour essayer de tisser des liens entre les langues et l’actualité, particulièrement avec la Russie. Aussi, peut-être qu’en orientant les oraux sur des zones comme celle-ci, cela a fait pencher le jury en faveur du campus de Dijon.

 

Quelles sont les particularités du campus dijonnais ?

Ce qu’il est important de mentionner c’est que le campus de Dijon est particulièrement petit. Il y a environ 70 élèves par promo ce qui fait que chaque promo est très soudée, tout le monde se connait ; d’autant plus que c’est un campus délocalisé dans une petite ville, de fait tout le monde habite aux alentours du campus et, à chaque fois que nous sortons dans la rue, nous rencontrons des personnes de notre promo ou de l’unique autre promo que forment les Deuxième année, les Troisième année étant à l’étranger. Les cours de langues, divisés par niveaux et réservés sur des créneaux spécifiques, sont aussi mélangés avec les Deuxième année. Cela crée donc un vrai esprit de campus, une sorte de deuxième famille.

 

Comment s’est passée votre rentrée sur le campus ?

Elle a eu lieu assez tôt… le 23 août, si je ne me trompe pas. Il y avait toute la semaine d’intégration qui était à la fois organisée par les professeurs, à raison de deux heures de cours par jour, une heure le matin une heure l’après-midi, avec des questions méthodologiques pour mettre les étudiants dans le bain de la « méthode Sciences Po ». Il fallait faire des exposés, une dissertation, passer un oral devant un jury… en définitive, se préparer aux exercices typiques du semestre sans être noté. Et puis, après, il y avait aussi tout l’aspect de la vie étudiante, c’est-à-dire des événements nous permettant de rencontrer les autres élèves de la promo, continuer un peu l’été ; mais également la rentrée des associations organisées lors d’un forum au cours duquel elles présentaient ce qu’elles faisaient et démarchaient les étudiants. Personnellement, je souhaitais m’engager chez les Jeunes Européens en entrant à Sciences Po mais cela ne s’est pas fait. J’ai alors intégré la Junior Entreprise avec laquelle nous n’avons pas encore eu le temps de faire beaucoup de projets mais par laquelle nous essayons tout de même de créer des initiatives avec la ville de Dijon et les communes alentours.

 

Comment avez-vous vécu la réforme et l’impact qu’elle a eu sur votre préparation ?

Le concours écrit a disparu entre mon année de Première et celle de Terminale. En termes de préparation, pour être honnête, j’ai beaucoup aimé les deux formats proposés par Ipesup. La prépa de Première parce qu’on allait beaucoup plus loin sur les cours de spécialités … En Terminale, ce qui a vraiment été déterminant, c’était l’aide personnelle d’Ipesup et le travail sur les écrits personnels, à la fois sur la forme, à savoir comment rédiger des écrits qui vont faire la différence à Sciences Po, et sur la mise en contact avec des professionnels qui sont passés par Sciences Po. Il y a eu la plume du gouverneur de la Banque de France, un diplomate, mais également des étudiants de Sciences Po. Je pense que ce qui m’a vraiment permis d’intégrer, c’est d’avoir des personnes qui ont regardé mes écrits, qui m’ont fait passer des oraux blancs et avec qui j’ai pu parler de Sciences Po. Ce contact avec des personnes qui sont passées par là, que ce soit des professionnels de la question ou des étudiants de la rue Saint-Guillaume, a été fondamental.

 

De manière rétrospective, quel regard adoptez-vous sur cette réforme de la procédure d’admission à Sciences Po Paris et aux campus délocalisés ?

Sachant que le nouveau processus est très jeune, moi-même je fais partie de la première promo ayant passé la nouvelle procédure, c’est peut-être encore difficile d’être péremptoire. Je crois que le nouveau concours peut permettre de recruter un corps étudiant plus diversifié, même si cela se fait de manière un peu moins méritocratique qu’avec le concours écrit.

 

Qu’est-ce que vous redoutiez en préparant ce « nouveau concours » ?

Ce qui m’a vraiment inquiété au départ ce n’est pas forcément le changement du concours en tant que tel pour une procédure sur dossier et écrits personnels ; pour me préparer aux universités américaines, j’avais déjà essayé de « cultiver » mon profil et de mettre en avant différentes activités « extrascolaires » qui pouvaient favoriser mon dossier. Par contre, ce qui m’a inquiété c’était vraiment d’être… la première promotion, la « génération test » de la réforme. D’autant que cela s’additionnait avec le nouveau Bac…

 

Comment avez-vous vécu la préparation de votre oral d’admission ?

Je dirais que le premier oral blanc n’était pas forcément très satisfaisant. A force d’en faire (je crois que j’en ai fait quatre ou cinq au total !), j’ai finalement vu pas mal de questions qu’on pouvait me poser et les derniers oraux blancs se sont vraiment bien passés. Mes jurys partaient de l’image analysée en partie 2 afin d’établir une sorte de conversation. En revanche, le jour de l’oral d’admission, les questions posées n’avaient pas forcément de liens explicites, par exemple : j’ai eu une photo d’autoroute avec une voiture électrique et les membres du jury m’ont demandé ce qu’était la vulgarité et si les élites pouvaient se permettre d’être vulgaires.

 

Qu’est-ce que vous en retirez en tant qu’expérience ?

Je pense que l’important c’est de garder son sang-froid, de prendre un peu de recul, de prendre le temps de réfléchir et de répondre du mieux qu’on peut et de manière structurée à des questions inattendues.

 

Sur la continuité pédagogique, diriez-vous que ce que vous avez appris à Ipesup vous est encore utile maintenant que vous êtes à Sciences Po ?

En Terminale, les enseignements d’Ipesup apprenaient bien à « parler de son parcours de manière cohérente et structurée ». Je trouve que chercher toujours la cohérence dans ce qu’on dit et ce qu’on écrit est quelque chose d’indispensable, indépendamment du concours de l’IEP de Paris. Et ces enseignements sont tous très utiles au sein même de Sciences Po, notamment à l’oral, pour les exposés.

 

Avez-vous beaucoup de présentations à faire en public au sein de Sciences Po ?

Dans l’absolu, il faut faire une présentation par cours et par semestre a minima. L’exposé, c’est vraiment un aspect central du cursus de Sciences Po.

 

Comment décririez-vous la « méthode Sciences Po » ?

C’est la méthode du « deux parties, deux sous-parties » ! (rires) Mais je pense que qu’en creusant un peu plus, c’est une méthode qui… pousse les étudiants à raisonner de manière analytique et pas simplement à se contenter de restituer des connaissances qui nous été enseignées, parce que le Collège universitaire n’est pas forcément un cursus de… « hard skills », comme on dit, mais c’est vraiment une formation qui repose grandement sur l’analyse et l’esprit critique.

 

Pourquoi avoir choisi IPESUP pour vous préparer au concours de Sciences Po Paris ?

J’ai choisi Ipesup parce qu’on me l’a conseillé ! Je connais plusieurs personnes qui sont allées à Ipesup avant moi et qui avaient trouvé que c’était une préparation de qualité pour rentrer à Sciences Po. Et d’ailleurs, toutes les personnes que je connais qui sont passées par Ipesup ont réussi le concours !! Le choix s’est fait assez naturellement : elle était la seule prépa sur laquelle j’avais des retours directs et exclusivement positifs.

 

Qu’est-ce qui vous a marqué dans la préparation IPESUP ? Qu’y avez-vous appris ?

L’approfondissement des spécialités en Première a vraiment été quelque chose qui m’a fait grandir parce que nous avions des professeurs passionnants et des contenus additionnels sur des cours déjà choisis et donc qui nous plaisaient.

En Terminale, l’approche a complètement changé, parce que c’était une préparation axée sur les « soft skills » et les conférences d’actualité. C’était une toute nouvelle approche, étonnante au départ, et que j’ai vraiment appréciée par la suite : avec cette réflexion sur soi, on réalise qu’avant ce travail-là nous ne savions pas grand-chose de nous-mêmes et encore moins comment parler de soi. Ce travail d’introspection a été très formateur.

 

Quel a été votre meilleur cours, professeur ou intervenant à IPESUP ?

C’était le professeur d’ HGGSP lors de mon année de Première. C’était un des cours les plus passionnants que j’ai eu de toute ma scolarité, car il partait d’une base d’acquis que nous étions censés avoir grâce au programme scolaire, puis le professeur apportait une sorte de vision complémentaire et analytique sur les sujets donnés. Il considérait que les connaissances pures et dures relevaient de l’enseignement du lycée et que son rôle à lui en tant que professeur de la prépa Sciences Po était vraiment de nous faire réfléchir, soit sur des cas très particuliers notamment liés, je me rappelle, au domaine militaire, soit sur des aspects plus panoramiques. Ses cours ont été une véritable initiation à cette fameuse méthode « Sciences Po », à savoir une analyse du sujet dans sa totalité et une réflexion sur ses enjeux.

 

De la même manière, avez-vous eu des professeurs marquants lors de ces premiers mois à Sciences Po ?

La professeure que j’avais au premier semestre pour la conférence de méthode en Histoire. Nous étions censés lire un corpus de textes chaque semaine. Mais, à chaque séance, dès que nous commencions un texte, cela créait une vraie discussion entre la professeure et nous-mêmes. Nous allions dans le détail de chaque texte, et le fait d’avoir toutes ces discussions permettaient aussi de faciliter nos révisions pour les partiels : nous avions très rapidement en mémoire les références d’auteurs ou d’idées vues en cours.

 

Quel conseil donneriez-vous à un ou une élève qui souhaiterait rejoindre Sciences Po ?

Le principal conseil que je pourrais donner c’est … de ne pas faire semblant de s’engager. Il faut poursuivre ses passions, et se donner les moyens de prouver qu’on est passionné. C’est, selon moi, la clef pour faire la différence.

 

Un mot de la fin à adresser aux lycéens et lycéennes qui vont découvrir votre portrait ?

Aux Terminale qui sont en train de se préparer : il faut garder confiance en vous ! IPESUP donne tout qu’il faut pour se préparer au mieux. Ce qui fait la différence, c’est de parler de façon authentique de ce qui vous tient à cœur !

 

* Le prénom a été modifié.

 

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