Êtes-vous fait pour le journalisme ?

Les concours des écoles de journalisme testent vos aptitudes à devenir un journaliste professionnel. Sans aucune ambiguïté. Avant de vous lancer dans une préparation exigeante adaptée aux concours les plus sélectifs, livrez-vous à une petite introspection pour voir si vous « cochez toutes les cases » pour éviter une totale et rapide désillusion.

 

Le sens des concours

Avant de voir le détail des 14 concours ou procédures d’admission aux écoles de journalisme, il faut réfléchir à la signification des différentes épreuves et aux buts que poursuivent les écoles à travers elles.

Les écoles veulent sélectionner les étudiants sur des compétences qui sont en adéquation avec l’exercice futur du métier de journaliste. Et elles veulent aussi vérifier le degré de motivation et d’implication des candidats. Il ne s’agit pas de recruter des étudiants qui pourraient abandonner le cursus en cours de route. Le dossier que les écoles exigent est de plus en plus détaillé, les épreuves écrites et l’oral sont en mesure de déterminer le niveau de convergence entre le candidat et les attentes de l’école.

On peut mettre en valeur un certain nombre de qualités et compétences que les écoles recherchent et dont elles soulignent l’importance.

Tout d’abord, des qualités personnelles :

  • La curiosité
  • La créativité
  • La capacité d’écoute et d’échange
  • La rigueur
  • L’écoute
  • La motivation pour le métier qui peut aller jusqu’à la passion. Un projet qui sous-tend cette motivation/passion.

Ces qualités peuvent être testées ou vérifiées à l’écrit comme à l’oral.

 

Mais les qualités professionnelles, les compétences, sont également fondamentales :

  • La maîtrise de la langue française (écrit, oral, syntaxe, grammaire)
  • Une capacité à s’exprimer en anglais
  • La connaissance des règles de la profession, en particulier la déontologie
  • Les qualités et capacités rédactionnelles (style, discours, thématique)
  • Une disposition à vulgariser, à rendre accessibles des sujets a priori complexes
  • La capacité a hiérarchisé l’information.
  • L’identification des sujets et des angles les plus pertinents
  • La connaissance et la compréhension du terrain
  • Une culture générale de l’actualité, c’est-à-dire un ensemble de connaissances sur tous les sujets que l’on peut activer pour décrypter un sujet dans un premier temps, comme pour une première approche, un premier jet.

Il est aisé de comprendre que les épreuves proposées dans les différentes écoles sont destinées à vérifier le niveau de maîtrise de ces différentes compétences. Même si la codification systématique n’est pas nécessairement de mise dans tous les jurys des écoles. Même si toutes les écoles n’insistent pas nécessairement sur les mêmes points.

 

Prérequis

À partir de cette liste de compétences, pas nécessairement exhaustive mais plutôt complète, chaque candidat qui ambitionne d’entrer dans la carrière en passant par une école reconnue peut s’interroger sur sa capacité à répondre à de telles exigences.

Sur les capacités personnelles, comment convaincre un jury ? Comment établir la preuve qu’on est curieux, rigoureux et créatif… ?

Dans le dossier qui est de plus en plus élaboré depuis la crise de la Covid, on pose des questions qui concernent aussi les qualités personnelles dont chaque candidat est censé disposer. La démarche consiste souvent à affirmer que l’on possède ces qualités et à le prouver par des exemples concrets.

Le premier prérequis est d’avoir déjà vécu un certain nombre d’événements, d’avoir mené un certain nombre d’actions, de ne pas rester immobile dans une pure contemplation. Les jurys veulent des candidats jeunes, en général de moins de 26 ans, mais ils se montrent de plus en plus soucieux de diversifier les profils et les origines. Les stages en journalisme correspondent à des activités qui conviennent à un jury d’école, mais l’engagement, en tant que tel, quel que soit le champ d’activité, la mise en situation dans le réel, sont appréciés au même titre que des qualités plus directement professionnelles.

Le deuxième prérequis est de bien connaître le monde du journalisme. Là aussi, un stage dans un média est tout-à-fait indiqué. Et même plusieurs stages. Mais ce n’est pas suffisant pour être entièrement crédible. Il existe aussi une culture journalistique que même un jeune étudiant doit maîtriser. Le jury veut des étudiants qui ne sont pas monomaniaques. Des étudiants qui s’intéressent à différents médias, qui sont au courant des grands débats au cœur du monde de la presse écrite, de la télévision, de la radio. Chacun peut avoir déjà une spécialité, un média de préférence, ce qui est normal, mais il faut montrer au jury un intérêt pour l’ensemble des médias. On ne peut pas être simplement un lecteur passionné des Inrocks et mépriser le reste des magazines. Ni être systématiquement dans le jugement de valeur négatif sur des médias qu’on ne connaît pas du tout. Cette connaissance n’est pas d’ordre livresque, ni académique. Elle vient d’une fréquentation permanente, assidue, volontaire de tous les médias, y compris de la radio et de la télévision côté information.

Et nous retrouvons ici un autre prérequis qui s’appelle la passion. La passion ou très forte motivation. Cette passion est aisément perceptible par le jury. Elle peut être présente dans le dossier, dans les oraux et d’une certaine façon, dans la motivation à chercher et à trouver des angles. La passion se traduit par l’envie d’aller plus au fond dans l’enquête, dans la recherche de sujets et d’angles. La passion, c’est aussi l’immersion permanente dans l’actualité, dans la lecture des journaux, dans la fréquentation de sites et des chaînes d’information, dans l’écoute des matinales radio. On ne peut réussir, ni durer dans ce métier sans une forte dose de passion.

Et l’on peut ajouter la culture générale comme prérequis fondamental. La culture générale du candidat est celle du journaliste, c’est-à-dire que les attentes des jurys correspondent aux attentes que l’on peut avoir dans le monde professionnel. Cette culture implique une base académique évidente de connaissances en histoire, géographie, civilisations, arts, économie… Mais c’est aussi une culture que l’actualité entretient et développe. Ce n’est pas une culture de l’exhaustivité, c’est une culture large qui ne méprise aucun domaine, qui s’intéresse au sport comme aux faits divers, à la géopolitique comme à l’actualité des entreprises. Le jury veille à tester les candidats sur la capacité à être précis sur des événements récents, la capacité à hiérarchiser ces mêmes événements et à décrypter, sur-le-champ, le fait en tant que tel ou la chaîne à laquelle il est relié. La culture dite journalistique est parfois méprisée par les universitaires qui reprochent aux journalistes le côté superficiel de leurs connaissances et de leur approche du réel. Cette critique n’a pas de sens, car les deux approches de la culture n’ont pas la même finalité. Pour envisager de passer et de réussir les concours d’entrée des écoles, il faut allier la culture générale d’un bon élève du Supérieur à une connaissance précise des faits récents, une connaissance qui se déploie dans tous les domaines. Trop d’étudiants se font coller à l’écrit ou à l’oral parce qu’ils n’ont pas tenu compte des attentes pourtant clairement annoncées du jury à cet égard ou qu’ils ont cru que leur connaissance précise d’un domaine ou d’un sujet suffirait à convaincre.

Dernier prérequis majeur : l’expression, c’est-à-dire le goût de l’expression, la facilité de l’expression, l’exactitude de l’expression. Un candidat n’est pas en mesure tous les éléments de l’écriture journalistique, tout cela s’apprend dans les écoles et au fur et à mesure de la carrière. Mais il y a comme des prédispositions. Un journaliste raconte une histoire, il fait un récit, il doit avoir une certaine facilité dans la narration. Son expression doit allier précision et concision. Respect de l’orthographe et de la syntaxe. Clarté du propos et mise en valeur des points essentiels. Bien sûr, il n’est jamais trop tard pour tenter de surmonter des faiblesses et de combler des lacunes, mais un candidat qui n’aurait aucun goût pour l’écriture, qui serait incapable d’écrire sans faire une faute d’orthographe par ligne, n’a sa place, ni au concours, ni dans une école, ni dans le sérail du journalisme. Les écoles testent la capacité d’expression des candidats dans de trop nombreuses épreuves pour que cela n’ait pas un sens, pour que ce ne soit pas une priorité de sélection et de formation.

 

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